MUSIQUE – Il est décédé le 1er avril 2006. Rougalta Ahmed alias Maître Gazonga est le chanteur le plus populaire de son époque. 15 ans après sa disparition, Tchadinfos vous fait (re)découvrir le parcours de cet enfant du Batha qui a réussi à s’imposer contre vents et marées.

La nouvelle a été accueillie par beaucoup de Tchadiens comme un poisson d’avril. Pourtant, elle sera confirmée. Me Gazonga est mort le 1er avril 2006. Il n’est plus depuis 15 ans. Mais ses chansons restent très écoutées. Maître Gazonga (allusion à son poste de gardien de but) est un artiste tchadien qui a galéré à son époque mais avec un parcours riche.

Comptable de formation, Maître Gazonga exerça pendant sept ans à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS). Parallèlement  à sa fonction de comptable, il faisait de la musique.  Quelques-uns de ses compatriotes ont découvert son talent artistique et l’ont encouragé à embrasser la carrière musicale.

Gazonga a plusieurs flèches à son arc. Il fut un sportif, car il fut recordman en son temps de l’Afrique centrale du saut à la perche. Il a franchi 3,80m à Bangui en République centrafricaine en 1974. Ce qui lui a valu une médaille en or. Il a également  joué dans plusieurs clubs de football. Et même il a eu l’honneur  d’être sélectionné  une fois dans l’équipe nationale.

Dans le domaine musical, dès qu’il a senti qu’il pouvait voler de ses propres ailes, il a décidé de former en 1972, un orchestre du genre vedette en herbe, dénommé ‘’Saltana’’.  Après deux ans de fonctionnement, il a dissout ‘’Saltana’’ pour créer ‘’Chalal’’ en 1974. Maître Gazonga jouait plusieurs rôles dans le groupe: à la fois arrangeur, accompagnateur guitariste et chanteur.

Ne pouvant pas valablement  s’épanouir sur place, il a décidé de s’envoler vers l’étranger. Sa renommée commence à partir de là. Il est allé d’abord en RCA en 1976. Là-bas, il a réussi à intégrer le groupe musical Tropical Fiesta, où il a d’ailleurs épaté le public banguisois. Malheureusement, les musiciens centrafricains de cet orchestre qui n’étaient pas plus fameux que lui, commençaient à le bouder. Pour l’écarter, ils ont soulevé un faux problème : celui de la nationalité. Et pourtant au Tchad, évoluaient des garçons centrafricains comme Kapox et consorts. Dans cette situation ambiguë, il était obligé de quitter la RCA pour se rendre au Congo en 1978.

Pendant le laps temps passé à Brazzaville, il a évolué dans l’orchestre ‘’Massano- Massano’. De là il s’est rendu à Kinshasa, cette ville, où il existe une pléthore de musiciens (3.000 environ). Un artiste étranger qui manque de talent et d’endurance ne pourra s’en sortir. Pour prendre contact, il s’est référé à Enessi, qui l’avait précédé dans la capitale zaïroise. Ce dernier a cru qu’il était envoyé en formation au Zaïre par le Tchad pour se substituer à lui. Ainsi, il lui a plutôt mis le bâton dans les roues. Avec le concours d’un journaliste tchadien, Emmanuel Maradass, Maître Gazonga a pu subsister pendant un certain temps. Ensuite, il a opté pour la manutention. Avec ses petites économies, il a pris contact avec un certain Kamalé, chef d’un orchestre. Il l’a introduit sans hésitation dans son groupe. Ce groupe l’a hautement apprécié mais personnellement, il ne voulait pas évoluer dans un orchestre en tant que simple musicien rémunéré.

Son ultime but est surtout de créer un ensemble digne de lui. Il a donc refusé l’offre de Kamalé. Alors il a réussi à former un orchestre personnel à qui il a attribué le nom de son premier ensemble de N’Djamena à savoir ‘’Saltana’’. Grâce à ce groupe, il a pu faire éditer deux disques 45 tours à Kinshasa en 1979.

Du Zaïre, il est revenu au pays parce qu’il voulait à travers la musique, contribuer à la réconciliation entre les Tchadiens. Ainsi, il a composé des chansons patriotiques et des slogans qui incitaient les Tchadiens de toutes les régions et de tout horizon à la concorde et à la paix.

Ses compatriotes n’ont pas saisi le sens de son appel et ont préféré continuer la guerre. Alors il a repris son bâton de pèlerin.  Cette fois, il a choisi de se rendre à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Cette ville qui leur est inconnue avec ses deux compagnons et lui a été un calvaire.  Il leur a fallu faire le “clando” pendant au moins 6 mois chez des compatriotes pour subsister. A Abidjan,  il a rencontré,  tout de même un producteur qui s’est intéressé à lui en écoutant ses deux 45 tours édités à Kinshasa. Il les a donc pris en compte. Ainsi,  ils ont constitué un nouvel orchestre, l’international Chalal d’Abidjan, composé de Tchadiens, d’Ivoiriens, des Zaïrois et autres.