Le 6 janvier 1981, après une visite du président Goukouni Weddeye à Tripoli, la capitale libyenne, la Libye annonce sa fusion officielle avec le Tchad pour former une seule “Jamahiriya”. Une décision inattendue qui a fait tollé.

Après la bataille de la capitale N’Djaména entre les Forces Armées Populaires (FAP) de Goukouni Weddeye et les Forces Armées du Nord (FAN) d’Hissène Habré, soldée par la victoire des FAP, le président Goukouni se rend en Libye. A l’issue de cette visite qui intervient trois semaines après la victoire des FAP sur les FAN, un communiqué est publié le 6 janvier 1981 annonçant la fusion du Tchad avec la Libye pour former une seule « Jamahiriya ».

En effet, pendant la bataille de N’Djaména, les libyens ont joué un rôle décisif auprès des FAP pour chasser les FAN afin d’installer Goukouni comme chef de l’Etat. Début janvier, le président Goukouni se rend à Tripoli. D’aucuns sont surpris par l’annonce de cette fusion, d’autres ont spéculé qu’il s’agit d’un accord signé entre la partie libyenne et le président tchadien.

Mais, dans un entretien avec Radio France Internationale (RFI), le président Goukouni Weddeye affirme que « la signature de ce communiqué ne cache ni un marché en contrepartie de l’engagement militaire libyen, ni des menaces de la part des Libyens. J’ai signé ce communiqué pour la simple raison que la Libye nous avait beaucoup soutenu dans notre combat contre les FAN et que nous voulions répondre aux vœux ardents du Guide, d’une part, et d’autre part, montrer à l’opinion nationale et internationale que nous étions unis et solidaires face à nos ennemis ».

Goukouni reconnait, toutefois, que le moment n’était pas approprié pour signer un tel communiqué dans les circonstances où nous nous trouvions. Le président Goukouni regrette, par ailleurs, que ses détracteurs ont trouvé l’occasion pour le combattre davantage.

Cette fusion n’a pas été du goût de nombreuses personnes tant tchadiennes qu’à travers l’Afrique et le reste du monde. Des pressions fusent de partout pour que le président Goukouni fasse rétropédalage.

« Ce fut un tollé à travers le monde, notamment dans les pays modérés d’Afrique subsaharienne. Ils trouvèrent un prétexte pour soutenir Hissène Habré en exerçant davantage de pression sur la France. Tous les pays modérés de l’Afrique au sud du Sahara se sont entendus pour faire pression sur la France. Ils se sont tous entendus pour appuyer Hissène Habré. La France était obligée d’accepter ce que ceux-là proposaient », déclarait le président Goukouni Weddeye.

Finalement, face à toutes ces pressions, le Tchad doit revoir sa position en demandant à son partenaire de « fusion » de revoir aussi sa copie. Il s’agit d’une marche arrière pour que cette fusion soit abandonnée. Les Libyens quitteront finalement, après quelques mois, N’Djaména. Le président du GUNT (gouvernement d’union nationale de transition) Goukouni Weddeye composera désormais avec la France et la force de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA).

Mais, des désaccords entre les forces qui constituent le GUNT, des traitrises internes et la complicité de la force africaine, finiront par donner l’avantage aux troupes d’Hissène Habré, les FAN qui entreront, triomphalement, à N’Djaména, le 7 juin 1982 pour chasser du pouvoir Goukouni Weddeye, président du GUNT.