Le spectre d’une grève plane sur l’enseignement supérieur. Cette situation inquiète plus d’un étudiant puisque cela risque d’interrompre les examens de rattrapage, pour finaliser l’année académique 2019-2020, qui se déroulent dans la quasi-totalité des facultés de N’Djamèna comme celles des provinces au moment où nous écrivons ces lignes.

Le syndicat national des enseignants et chercheurs du supérieur (SYNECS)  agite la menace de paralyser le secteur de l’enseignement supérieur. Il évoque notamment le non paiement des arriérés de salaire et des primes des mois d’octobre et de novembre de l’année en cours. Sa section locale de l’université de Pala, chef-lieu de la Province du Mayo-Kebbi Ouest  serait également sur le point de débrayer pour les mêmes motifs. Elle accorde un délai de trois jours aux pouvoirs publics d’apurer ces arriérés  de primes de recherche  et de salaire. Celle de l’université Adam Barka d’Abéche risque de leur emboîter aussi le pas.

Pour le syndicat, la situation est intenable et un  sac vide ne peut pas se tenir debout.

Des grèves qui minent le fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur

Il faut rappeler que l’enseignement supérieur au Tchad est plombé depuis les années 1992 par des grèves interminables. Ces débrayages chroniques ont rendu les années académiques élastiques.  Les enseignants et étudiants n’ont jamais eu des vacances méritées. Ce sont des vacances aux forceps qu’on leur octroie. Pour fait de grève, un diplôme de Licence qui s’obtient sous d’autres cieux en trois années, s’obtient au Tchad entre quatre et sept ans sans que cela n’émeuve outre mesure les acteurs impliqués dans l’enseignement supérieur. Des années blanches  font également partie  du lot des difficultés auxquelles se sont engluées les différentes universités et établissements d’enseignement supérieur  dans notre pays.

Autres tracasseries et non des moindres, ces universités portées sur les fonts baptismaux dans le cadre de la décentralisation de l’enseignement supérieur et surtout en vue de permettre aux jeunes de ne pas se déplacer à l’étranger ont une situation peu reluisante. Elles manquent cruellement d’enseignants qualifiés, des bibliothèques dignes de ce nom  et de restaurants universitaires de qualité afin de permettre aux étudiants de bien manger.

Un doigt accusateur est souvent porté sur le Centre National des Œuvres Universitaires  (CNOU). Beaucoup d’étudiants se plaignent de sa gestion qui ne serait pas faite selon la règle de l’art. Il faut ajouter à ce sombre tableau  que depuis la crise financière qui a  frappé  le pays de plein fouet, les pouvoirs publics ont supprimé les bourses et ont promis  prendre en charge la restauration universitaire  et renforcer les capacités des bibliothèques classiques et créer des bibliothèques virtuelles afin d’encourager les recherches.  Selon les étudiants, ces promesses alléchantes  ne sont pas concrétisées et entre-temps, ils continuent à  broyer du noir sinon à tirer le diable par la queue.  Les présidents des universités n’ont non plus des budgets assez colossaux pour répondre aux besoins de leurs institutions.

Les écoles normales supérieures (ENS) créées également dans le sillage de cette décentralisation sont logées aussi à la même enseigne. Elles rencontrent d’innombrables problèmes quant à leur fonctionnement.  Elles sont souvent victimes des grèves perlées qui ne leur permettent pas d’achever les années académiques en beauté. Toute la  communauté universitaire souhaite que le gouvernement prenne ses responsabilités afin de redorer le blason de l’enseignement supérieur  écorné par des grèves à répétition  et autres perturbations.