Les N’Djamenois sont surpris depuis plus de deux semaines du retour quasi permanent de l’électricité après plusieurs semaines de délestages. Qu’est-ce qui explique la disponibilité de l’énergie ces derniers jours ? Tchadinfos fait le point.

A N’Djamena, les habitants s’étaient presque habités aux délestages… Certains ont même pris l’habitude de se lever à trois heures du matin, au retour de l’électricité bénite, pour mettre en charge in extremis leurs téléphones. En cause : l’incapacité des centrales électriques à fournir autant de courant disponible pour couvrir toute la ville. Mais depuis quelques jours, la Société nationale d’électricité (SNE) met à la disposition de sa clientèle du courant en permanence. Alors, qu’est-ce qui a changé ?

De sources concordantes, la SNE a effectué « plusieurs opérations » au lendemain de la visite inopinée du chef de l’Etat. La société a réussi a réparé et mettre en marche toutes ses machines en panne dans la ville. Ces machines alimentent, bien qu’elles soient vétustes, les différentes centrales du pays. « Personne n’est capable de vous dire jusque quand vont tenir ces machines. Nous sommes en alerte, parce qu’elles peuvent lâcher à tout moment », alerte un technicien de la SNE.

Un réseau vétuste

Effectivement, ces machines installées au lendemain des indépendances dans les années 1960, devenues très gérontes et fonctionnant au gasoil, tiennent très difficilement après des multiples réparations. « Toutes les pièces ont été changées au moins une fois. Ce sont des machines très vétustes », insiste un autre technicien de la société.

En plus de la réparation des différentes machines, la dotation en carburant de la SNE a augmenté. A en croire certaines sources, le nombre des citernes offertes par jour par l’Etat est passé de 7 à 11. « Il n’y a plus de possibilité de couper le courant sous prétexte de manque de carburant. Le chef de l’Etat a donné des instructions et cela est en exécution. Il suit de près la situation », renseigne un haut responsable.

Solution temporaire

Cependant, des techniciens de la SNE tempèrent que si ce changement n’est pas accompagné très rapidement par d’autres alternatives, la société et ses abonnés risquent d’être pris de court. Car les machines sont capables de s’arrêter à tout temps. « Nous n’avons pas voulu opter pour cette solution parce que malgré les moyens colossaux qu’on a investi dans la réparation, on retombe toujours à la même situation. Sur insistances des plus hautes autorités, nous avons fournis des efforts pour réparer les machines existantes, le temps de trouver d’autres possibilités », indique un responsable sous couvert d’anonymat.

D’autres sources de la SNE expliquent que les capacités de la société seront bientôt renforcées par la réhabilitation de la ligne de Djermaya, qui a connu une panne technique. Ainsi, les câbles seraient déjà venus depuis l’Europe et la réparation serait en train d’être faite. « Nous allons nous reconnecter bientôt à Djermaya et bientôt trouver la solution définitive », renchérit un autre responsable de la société.

Le thermique reste trop chère

Au niveau du ministère du Pétrole et de l’Energie, l’on apprend que d’ici la fin de l’année 2018, la question de l’électricité à N’Djamena trouvera une solution. « Nous sommes en train de mener des démarches pour multiplier les solutions. Nous pensons qu’on est très bien avancé. Du solaire, aux énergies propres, toutes les pistes sont explorées », détaille un cadre du ministère.

En effet, la couverture en électricité actuelle au Tchad est entre 6 et 8%. Les autorités avec la mise en œuvre du Plan national de développement 2017-2021 (PND) espèrent ramener le cap à au moins 50% d’ici 2021. Objectif : permettre au pays de s’industrialiser, de diversifier son économie et pour se hisser au rang des pays émergents. En attendant, la SNE qui fournit de l’électricité fonctionnent à perte avec le thermique. La société produit un kilowatt à 251 Fcfa, et la revend entre 85 et 125 Fcfa le kilowatt. Le vide est comblé par l’Etat, par la mise à la disposition de la SNE du carburant et autres subventions.

Libéralisation du secteur énergétique

Pour libéraliser le secteur, plusieurs projets des textes et des lois sont en court d’élaboration pour faire en sorte que la SNE ne soit pas l’unique entreprise à distribuer de l’électricité dans le pays. Des efforts considérables sont en train d’être consentis pour privilégier les énergies solaires, éoliennes, photovoltaïques et autres. Une société des Emirats Arabes Unies installe actuellement une turbine à gaz pour fournir très prochainement plus de 30 Mégawatt à la SNE afin de combler le gap. Le projet de Djermaya Solar est en train de prend corps.

En attendant, sur les réseaux sociaux, les commentaires font bon train. Chaque internaute y va de son opinion. D’aucuns ironisent que leur quartier célèbre la 1ère semaine sans coupure. D’autres filment même, l’éclairage public, allumé le jour, pour accompagner leurs textes. Il y en a qui disent même que « l’électricité en permanence est un rêve ».