POLITIQUE – Lors d’une assemblée tenue le lundi 6 janvier 2020 au palais présidentiel, la Céni a présenté un avant-projet du chronogramme des élections législatives fixant les échéances au 9 août 2020. Celui-ci a été trouvé peu avantageux pour une participation massive de la population et est rejeté par la majorité présidentielle et quelques têtes de l’opposition.

Un seul point inscrit à l’ordre du jour : chronogramme des prochaines élections législatives. Un chronogramme qui ne fait pas l’unanimité.

En assemblée le 6 janvier 2020 au palais rose, la classe politique et le Cadre national de dialogue politique (CNDP) ont été pris à court par la présentation d’un avant-projet du chronogramme en vue des prochaines échéances par la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

L’avant-projet du chronogramme des élections a été proposé par la Céni. Selon le document, la Céni a prévu les élections législatives au 9 août 2020, soit au deuxième semestre de l’année. Pourtant la même Commission avait proposé en octobre 2019 le premier trimestre 2020 pour la tenue de ces élections.

Mais la majorité présidentielle et quelques membres de l’opposition ont contesté cette date. Car, pour elle, le mois d’août est pluvieux et les voies de communication sont quasiment impraticables. Conséquence : il y aura un faible taux de participation. Tout ceci amène le Tchadien lambda à se demander si un parti politique peut contester un chronogramme électoral ?

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Une contestation légale et légitime ?

Interrogé sur cette question, le président du parti Un Nouveau Jour, Nasra trouve logique ce procédé du Mouvement patriotique du salut (MPS) parce que « les élections sont une affaire des partis politiques ».

Mais il ajoute que dans les élections bien organisées, le chronogramme est bien élaboré tout en tenant compte des facteurs juridiques et géographiques. « Si le chronogramme tenant compte de tous ses facteurs, aucun parti ne dira non si vraiment il ne veut aller aux élections. Comme c’est le cas du MPS qui n’a pas d’intérêt à aller aux élections et qui fait du dilatoire. »

Avis partagé par Me Jean-Bernard Padaré, secrétaire général adjoint du MPS, chargé de communication. Pour lui, contester le principe n’est pas sérieux. « L’organe chargé d’organiser les élections est composé de tous les partis politiques avec un président désigné par consensus. Ils n’ont aucune raison de contester fondamentalement les décisions émanant de ses institutions là », répond JB Padaré aux opposants contestataires.

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Il ajoute par contre que le chronogramme fixant les élections au 9 août est peu réaliste. Chose aussi déplorée par le président du PLD Mahamat Ahmat Alhabo. « Comment comprendre qu’on veuille organiser les élections en août alors qu’en plein N’Djamena même, l’on n’arrive pas à circuler dans les quartiers reculés. Tout cela n’est pas sérieux. »

Vers un autre report des élections ?

En réponse à cette question, Jean-Bernard Padaré réitère le souhait du Président Idriss Déby Itno a organisé les élections en 2020. « Le souci des hautes autorités et les compétiteurs est que les élections se tiennent franchement en 2020. »  Avant de souligner que d’ores et déjà, le MPS est « prêt mais que la date retenue ne soit pas en période de pluie. »

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Mais pour Alhabo, « il faut mettre le fichier électoral à jour et cela nécessite du temps ».  Selon lui, la date la plus proche pour organiser les élections si toutes les conditions sont réunies est le mois de décembre 2020.  

Catégorique. Pour le président du parti Un Nouveau Jour, Nasra, « les élections sont sur les pas du report ».  « Pour un averti, oui, nous sommes en train d’aller vers le report des élections. Le MPS sait qu’il n’a pas intérêt à organiser des élections qu’il est loin de gagner. L’on nous pousse vers 2021 et ce, après la présidentielle. »

Entre temps, le président de la République, arbitre du jeu, a renvoyé les acteurs politiques pour une concertation afin de trouver un chronogramme qui fera consensus. L’on attend vivement les résolutions qui tomberont de la réunion qui est prévue au 10 janvier.