Le 27 janvier dernier, notre confrère « Corbeau News Centrafrique » jetait un pavé dans la mare : un complot se prépare en territoire centrafricain pour renverser Mahamat Idriss Déby Itno et le Conseil militaire de transition (CMT). Venant d’un des leaders centrafricains d’actualités les plus lus et respectés, l’information est à prendre au sérieux. Selon notre confrère, des mercenaires russes, avec la complicité du vice-président soudanais Hamdan Dagalo, alias Hemeti, et la bénédiction du président centrafricain Faustin Archange Touadéra, ont installé deux bases d’entrainement et de formation des rebelles tchadiens à l’extrême nord-est de la Centrafrique. Dagalo, proche ami du patron de Wagner, la société de mercenaires russes, a envoyé, depuis Khartoum, une centaine de pick-up lourdement armées à destination du nord de la Centrafrique, pour « fermer la frontière », mais il s’agit au contraire d’un ravitaillement des rebelles tchadiens en armes et munitions puisque les éléments soudanais sont entrés en territoire centrafricain, jusqu’à 60 km. Après le Mali et le Burkina Faso, la Russie veut s’attaquer au Tchad « dès cet été », selon notre confrère.

Le président centrafricain Touadéra, grisé par le soutien des mercenaires russes, est en train de s’adonner à un jeu très dangereux. Et ce n’est pas la première fois. Le 30 mai 2021, le poste avancé de l’armée tchadienne à Sourou dans le Logone oriental avait été attaqué par des soldats centrafricains, appuyés par des paramilitaires russes, tuant un soldat tchadien et blessant cinq autres ; cinq autres ont été enlevés pour être ensuite exécutés sur le territoire centrafricain. Le 12 décembre, un militaire tchadien est tué et un autre porté disparu suite à des affrontements entre des forces tchadiennes et des paramilitaires russes dans le village tchadien de Djomère, à proximité des frontières centrafricaines.

Après l’attaque de Sourou, le gouvernement tchadien avait dénoncé une grave violation sur son territoire par l’armée centrafricaine et promis des représailles. Le CMT a écouté la voix de la raison, alors qu’au sein de l’opinion tchadienne, beaucoup de voix se sont élevées pour appeler à une réponse énergique. Bangui avait dépêché par la suite à N’Djamena une délégation composée de plusieurs ministres pour calmer la tension. Mais Touadéra continue à jouer avec le feu.

En septembre 2021, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Chérif Mahamat Zène, pointait du doigt la présence de Wagner dans la sous-région, en Libye, en Centrafrique et au Mali aujourd’hui. « Toute ingérence extérieure, d’où qu’elle vienne, pose un problème très sérieux pour la stabilité et la sécurité de mon pays », avait-il déclaré. Aujourd’hui, la menace prend de l’ampleur. Les rebelles du FACT (Front pour l’alternance et la concorde au Tchad), qui avaient attaqué le Tchad, en avril dernier, et causé la mort du Maréchal Idriss Déby Itno, ont été formés et encadrés par Wagner. Après la Libye, les mêmes mercenaires russes forment des rebelles tchadiens en Centrafrique.

L’absence de réaction vigoureuse après l’attaque de Sourou en mai, a encouragé les mercenaires russes à revenir en territoire tchadien et attaquer Djomère en décembre. Le Tchad ne saurait continuer à laisser un pays voisin ou une organisation privée étrangère porter atteinte à la sécurité et à l’intégrité de son territoire. Le CMT, doit continuer à veiller, mettre tout en œuvre, dès maintenant, pour que toute l’étendue du territoire national soit protégée. Les Tchadiens doivent se mettre debout, comme un seul homme, pour faire bloc derrière le CMT afin de contrer la menace russe et toute autre menace, de qui et d’où qu’elle vienne !

La Rédaction