Ça y est ! La campagne pour la présidentielle d’avril 2021 est clairement lancée. Après avoir réussi à organiser le deuxième forum national inclusif censé affiner les réformes institutionnelles, le président Idriss Déby Itno a été récemment adoubé par près d’une centaine de personnalités qui ont enfoncé une porte entrouverte en lui demandant d’être candidat à sa propre succession. Ensuite, le chef de l’État s’est lancé à l’assaut de son électorat, principalement du sud du pays où l’opposition est vive.

Depuis la semaine dernière, il sillonne les provinces du Mayo-Kebbi Est, du Mayo-Kebbi Ouest, du Mandoul et du Moyen-Chari. A Bongor, Pala, Koumra et Sarh, il a multiplié les poses des premières pierres de construction de routes (Djouman-Koyom-Laï-Doba et Bédaya-Moïssala) et d’un Centre de formation professionnelle et technique, lancé la seconde phase du Projet SWEDD (pour l’autonomisation des femmes et le dividende démographique au Sahel), inauguré la Nouvelle société textile du Tchad, etc.

A Koumra, il a promis que tous les chantiers de construction d’infrastructures, en arrêt depuis six ans, vont reprendre, et que des financements vont être recherchés pour la construction du pont de Moïssala. Les travaux de construction de l’université de Pala, suspendus depuis près de deux ans, ont été relancés quelques jours avant la venue du président. A Pala, il a promis la reprise de la production de la cimenterie de Baoré d’ici un mois, avec un ciment subventionné par l’Etat.

Dans le sillon du président, le ministre des Postes et de l’Économie numérique, Dr Idriss Saleh Bachar, a également posé les premières pierres des futurs centres multimédias dans chacun des quatre chefs-lieux de provinces visitées.

Le chef de l’Etat a également promis que les indemnités des chefs de canton seront rétablies dès ce mois de novembre, que les auteurs et complices de mariages de mineurs iront « dans le désert planter des arbres ».

Au cours de son périple, notamment à Pala et Koumra, le président était face à deux crises récurrentes qui ensanglantent ces provinces et bien d’autres : les enlèvements des personnes contre rançons et les conflits agriculteurs-éleveurs entretenus par des responsables militaires transformés en éleveurs. A Pala, il a ordonné à l’armée de traquer et neutraliser les auteurs et complices d’enlèvements de personnes contre rançons. A Koumra, il a également ordonné aux chefs militaires qui se sont transformés en éleveurs « d’arrêter immédiatement » ou de « déposer la tenue militaire ».

Le Maréchal du Tchad a décidé ainsi de mettre plein les yeux des électeurs du sud. Et il va multiplier l’exercice, jusqu’en avril 2021. Il a mis la barre très haute, pris plusieurs longueurs d’avance sur ses opposants. Ceux-ci n’ayant pas les moyens dont dispose le candidat-président, viendront mettre en avant son bilan qu’ils vont peindre à leur guise.

En politique, les candidats aux promesses électorales ont plus de probabilité d’être élus, de même que ceux qui investissent massivement dans une campagne. Cela ne suffit pas, il faut savoir reconquérir des électeurs dépités des promesses maintes fois entendues, mais jamais réalisées. Il ne faut pas que les chantiers lancés ne s’arrêtent pas après le départ du président ou après la présidentielle. Au Maréchal de joindre l’acte à la parole et débarrasser le Tchad de ces deux gangrènes que sont les enlèvements contre rançons et les conflits agriculteurs-éleveurs !

La Rédaction