22 secondes. C’est la durée de cette vidéo immonde qui circule sur la toile et qui montre une jeune fille, impuissante, violée par deux jeunes individus, un troisième en train de filmer la scène. 22 secondes où la jeune fille supplie ses bourreaux de ne pas filmer leur crime. 22 secondes où ceux-ci lui répondent par des injures…22 secondes d’horreur, de cruauté, de sauvagerie, de bestialité, de dégoût, etc.

Cet énième viol collectif, filmé et balancé sur les réseaux sociaux, vient nous rappeler celui de Zouhoura en 2015. A l’instar de Zouhoura, cette fille a vécu la pire des cruautés. Des viols sont commis chaque jour, dans un coin de notre pays, sur des femmes, des jeunes filles et des enfants par des individus sauvages. Ces viols, de plus en plus nombreux, sont filmés et mis sur les réseaux sociaux par les bourreaux, comme pour montrer qu’ils sont intouchables. Un pied de nez à la Justice, à l’autorité de l’État ! Jusqu’à quand allons-nous rester impuissants face à ces viols ?

Lire aussi : Affaire Zouhoura : Cinq prévenus mis aux arrêts et quatre suspects recherchés

Le ministre de la Justice, Mahamat Ahmad Allabo, s’était fendu d’un beau discours à sa nomination. Aujourd’hui, il est au pied du mur. Cette affaire de viol est un véritable test de sa capacité à diriger ce ministère qui ressemble à un capharnaüm, de sa capacité à rendre justice aux faibles écrasés par les plus forts ou les plus riches qui ont fini par se croire intouchables.

Aujourd’hui, plus que jamais, il faut une réponse politique au viol généralisé et banalisé. Le Conseil militaire de transition, le gouvernement, l’Assemblée nationale, le ministre de la Justice… L’État, tous ensemble, doivent s’en saisir et en faire une grande cause nationale.

Lire aussi : Tchad : le procureur Youssouf Tom donne des éclaircissements sur le viol collectif d’une mineure

Il faut que la Justice sévisse durement contre les violeurs. L’impunité et la protection dont bénéficient ces derniers sont inadmissibles, immondes comme leurs actes.

Il faut que la Justice agisse pour protéger les victimes, les amener à porter plainte. Et quand une plainte est déposée, qu’elle ne soit pas classée sans suite parce que le présumé violeur est untel ou le fils d’untel, qui se croit intouchable, au-dessus de la Loi. Dans un État, le viol ne saurait être classé sans suite parce que les parents du présumé violeur et les parents de la victime ont trouvé un règlement à l’amiable. Non, cette pratique doit cesser ! Et la justice, saisie de l’action, doit la poursuivre jusqu’au bout !

Il faut que les personnels de police, de justice et de l’action sociale soient bien formés pour mener leurs missions. Il faut aussi que les organisations de la société civile qui travaillent pour les victimes des viols, soient fortement soutenues.

Lire aussi : Affaire de viol de la jeune Meram : le conseil des accusés dément les accusations de viol et menace de poursuites ceux qui les…

Il faut transformer la société tchadienne, trop conservatrice. Une société dans laquelle certains esprits cons osent même dire que ce sont les femmes qui, par leur habillement, poussent d’autres cons à les violer, alors qu’elles sont les victimes, alors que leur seul crime est d’être nées femmes. Il est temps de changer cette mentalité. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais il faut éduquer les jeunes garçons à être des hommes et non des bêtes sauvages qui ne peuvent pas maitriser leurs pulsions, des hommes qui voient la jeune fille ou la femme comme un être humain, égal, et non comme un objet sexuel.

C’est en revoyant de fond en comble tout ce dispositif public et en le renforçant qu’on arrivera à détecter les victimes quotidiennes du viol, à les pousser à ester en justice, à les protéger et accompagner sur tous les plans. Le viol est pire que le meurtre car il tue la victime sentimentalement, physiologiquement, économiquement et socialement. Il faut mettre un terme à ce féminicide qui n’a que trop durer !

La Rédaction