En 2016, lorsque le président Idriss Déby Itno entamait un nouveau mandat, le Tchad était au bord de la faillite, à cause de l’effondrement des cours du pétrole. Mais le pays n’a pas failli, le chef de l’Etat nouvellement réélu a pris des mesures d’austérité pour éviter le pire. Les fameuses « seize mesures », même si elles ont eu un impact social déplorable, ont permis de redresser la barre des finances publiques, fortement dépendantes du pétrole. La baisse de la masse salariale de l’Etat a permis de rétablir l’équilibre budgétaire.

Mais, début 2020, la pandémie du Covid-19 est venue freiner cet élan. Les frontières ont été fermées, des villes dont la capitale, N’Djaména, ont été mises en quarantaine, pour éviter la propagation du virus. L’économie, essentiellement informelle, a été mise aux arrêts, elle tourne aujourd’hui au ralenti. Pour atténuer le choc, le président Déby a pris une panoplie de mesures en faveur des couches sociales défavorisées (distribution des denrées alimentaires, gratuité de l’eau et de l’électricité) et des entreprises (paiement d’une partie de la dette intérieure, création d’un fonds pour l’entreprenariat des jeunes, réduction de la patente et de l’impôt libératoire).

Malgré la crise sanitaire et le corollaire de mesures drastiques prises pour la résorber, les perspectives restent bonnes avec un taux de croissance du PIB de 5,5% projeté en 2020 et 4,9% pour 2021.

Le Tchad dispose encore d’importantes réserves en pétrole, mais l’or noir est tarissable et il a tout intérêt à réorganiser son économie. La crise pétrolière de 2014 est venue rappeler l’urgence d’une diversification de l’économie. Fort heureusement, bien avant l’effondrement des cours du brut, le gouvernement a perçu les dangers de la pétro-dépendance et engagé le pays sur la voie de la diversification. Pour gagner ce pari, le Tchad dispose de potentialités énormes, dans l’élevage et l’agriculture (les deux mamelles de l’économie tchadienne pendant la période pré-pétrolière), mais aussi dans le secteur des télécommunications.

Le cheptel tchadien est l’un des plus importants du continent, mais reste inexploité. L’agriculture tchadienne, nonobstant les potentialités en terres cultivables et en eaux dont elle dispose, est essentiellement tenue par le coton qui a connu des années difficiles. Mais depuis la reprise de la société cotonnière par le géant singapourien Olam, la filière est en pleine renaissance. Le Tchad peut valoriser d’autres filières, notamment la gomme arabique et le sésame.

Pour accélérer cette transformation économique, le Tchad devra également miser sur le numérique. Le nouveau plan stratégique de développement du numérique et des postes, lancé en 2020, devra permettre au cours des dix prochaines années, de rattraper le retard et combler le fossé numérique, et de booster ainsi le développement socio-économique du pays de manière plus significative. L’économie numérique sera, à côté de l’agriculture et de l’élevage, un des moteurs de croissance du Tchad à l’horizon 2030.

Last but not least, le Tchad doit améliorer le climat des affaires qui décourage les investissements intérieurs et étrangers, se départir des lenteurs de son administration, etc. Depuis quelques années, le gouvernement s’active à ce sujet, avec l’appui de ses partenaires techniques et financiers et du secteur privé. Et les résultats sont déjà tangibles. Mais il faut poursuivre les réformes pour attirer plus d’investissements, particulièrement privés et étrangers.

La Rédaction