Le coton est l’une des principales cultures commerciales au Tchad. Au fort moment de sa gloire, cette culture a permis au Tchad d’avoir d’importantes devises financières. Le coton est cultivé en grande partie dans certaines régions du sud du pays. Mais, quelle est l’histoire autour du coton ? Voici quelques rappels historiques.

Le coton est la principale culture commerciale au Tchad. Des anciennes colonies, beaucoup de pays africains ont voulu équilibrer leur balance commerciale en passant de l’économie de subsistance à l’économie d’échange. Le Tchad n’est pas resté en marge de cette politique économique en se lançant dans le développement de la production du coton.

Historiquement, la date de l’introduction du coton au Tchad reste confuse. À l’arrivée des explorateurs occidentaux sur les territoires tchadiens, des populations entretenaient déjà de très petites plantations dont le produit était filé sur place, à la mode indigène et pour les besoins locaux. Ces cultures essentiellement itinérantes étaient dans les régions du Mayo-Kebbi, du Moyen-Logone et du Moyen-Chari.

Toutefois, après l’arrivée des explorateurs, l’intérêt pour la culture du coton se manifesta en 1921 par la venue au Tchad d’une mission officielle française. Il s’agit des premiers essais de cultures sèches entrepris à cette époque par le capitaine Delingette de l’infanterie coloniale dans la région du Mayo-Kebbi. L’essai portait sur une variété de coton Foulbé (Othelo Peté) provenant de Maroua. Les résultats furent encourageants car les rendements atteignent 1000Kg/ha de coton-graine d’une qualité assez remarquable.

Ainsi, on peut situer le véritable départ de la culture cotonnière au Tchad vers 1928. À cette époque ont été fixés les droits et obligations de la Société Cotonnière Franco-Tchadienne (CotonFran), au capital de 742 500 000 FCFA, dont les activités se font autour de l’achat, usinage, conditionnement, transport et vente à la filature, et de ses dérivés, linters et huile de coton. La Loi du 5 mai 1928 définit dans ses dispositions fondamentales, le contrat entre le Tchad et la CotonFranc. Il est prévu dans cette convention, entre autres, le privilège exclusif de l’achat aux planteurs sur le territoire du Tchad, l’obligation de l’achat, le prix minimum à l’achat, l’obligation de l’usinage, de l’emballage et de l’expédition, mise à la disposition des planteurs de graines nécessaires aux semis, convenablement désinfectées sous le contrôle des agents de l’agriculture. La durée du contrat était de dix ans.

Le secteur du coton est désormais bien organisé. Ceci a permis la production et la commercialisation du coton. Le Tchad dispose, de ce fait, d’un produit d’exportation procurant aux populations des ressources pécuniaires non négligeables qui ont permis, grâce à la stabilisation des cultivateurs sur leurs terres, un développement parallèle des cultures vivrières et une lutte efficace contre la maladie et la pauvreté.

Bien que le secteur évolue et rapporte des ressources importantes à tous les acteurs impliqués, la culture du coton rencontre aussi des difficultés à cause des variations climatologiques, et aux fluctuations de l’économie mondiale. Ainsi, la crise économique de 1929 a eu de très graves répercussions sur les cours du coton. Au bord de la faillite, plusieurs sociétés cotonnières durent faire appel aux subsides gouvernementaux pour continuer leur activité.

Pour s’assurer de la bonne marche de la culture cotonnière, il a été créé à partir de 1934 à Fianga une station de recherches cotonnières. Plus tard, l’IRCT (Institut de recherches cotonnières et textiles) créa les stations de Tikem (1943) et de Bebedja.

Le coton a fait la fierté de beaucoup de Tchadiens. À un moment donné, le Tchad s’est placé au premier rang des producteurs de l’OCAM (Organisation commune africaine et malgache) avec 120 000 tonnes de coton-graine (1966). La production a été, tantôt, en hausse, tantôt en baisse. Ce sont au total 18 000 tonnes qui ont été produites en 1928-1929. La production était de 53 000 tonnes (1949-50), de 97 000 tonnes (1960-1961), 94 000 tonnes (1962-1963) et de 100 000 tonnes (1964-65).

Après l’indépendance en 1960, l’histoire de la culture du coton s’est poursuivie avec la création de la Société Cotonnière du Tchad (CotonTchad) en 1972 en lieu et place de la Société Cotonnière Franco-Tchadienne. Après « la belle époque », la CotonTchad a chancelé tombant dans la crise jusqu’à la fermeture de beaucoup de ses usines (neuf usines d’égrenage) dans le pays. Depuis 2018, grâce à une convention avec le groupe singapourien Olam qui détient désormais 60% des parts de la société, la CotonTchad Société nouvelle a retrouvé son souffle. Elle est, espérons, sur la bonne voie.