A quelques jours de la fête de Ramadan, consacrant la fin du mois de jeûne chez les musulmans, les Tchadiens ne se bousculent pas devant les ateliers de couture comme à l’accoutumé. Auparavant, à des pareilles époques, les couturiers, surtout ceux qui coudent les djellabas sont submergés. Ils n’acceptaient plus de nouvelles demandes. Ils travaillaient presque H24.

Cette année, les ateliers de couture ne sont pas pleins. Un tour au marché central, au marché à mil et de quelques autres des quartiers de N’Djamena permet de se rendre à l’évidence. Le motif évoqué par la plupart est la crise économique et financière que traverse le pays.

Il est 10 heures ce mercredi 30 mai 2018, au marché Central. Entre les ronronnements des groupes électrogènes dégageant des fumées, et les brouhahas des moteurs des bus et taxis, les couturiers et les usagers ne se retrouvent plus. « Les gens ne viennent pas comme avant. Autrefois, une seule personne envoyait, entre quatre à cinq complet de djellaba. Maintenant, ces clients arrivent à acheter difficilement un complet » explique Oumarou, un tailleur du côté nord du marché Central. Ce constat est presque fait par tous les tailleurs rencontrés. « Comme il n’y a pas d’argent, les gens préfèrent limiter leurs dépenses. La principale raison cette année est que la fête arrive à une période qui ne favorise pas les salariés », complète Bana, un autre tailleur.

Les clients, de leur côté évoquent principalement des situations d’ordre économique et financier. « Le Gouvernement a coupé nos salaires. On ne peut pas se permettre le luxe de se faire coudre plusieurs habits. Donc on doit se gérer convenablement », justifie Abdraman, un enseignant, devant un atelier de couture au marché à Mil. « La situation est intenable, on essaie avec les moyens de bords. On ne peut pas vivre au-dessus de nos moyens », coupe court Issakha, un agent de l’administration du territoire.