Faut-il changer de drapeau ? La question fait débat depuis qu’elle a été évoquée lors des pré-forums, devant aboutir à la tenue du deuxième forum national inclusif. Motivation: la ressemblance du tricolore national à celui de la Roumanie.

Les deux drapeaux se ressemblent étrangement avec les couleurs bleu, jaune et rouge. Aucun signe distinctif entre les deux, même si les spécialistes font croire que le bleu tchadien est différent (cobalt) de celui (indigo) de la Roumanie. Cela est un détail technique, mais, en pratique, pour les usagers, il n’y a aucune différence. C’est pourquoi, l’on apprend, sans vraiment de preuve officielle, par exemple un dossier, une plainte quelconque, que la Roumanie aurait porté l’affaire devant les instances des Nations Unies (ONU).

La partie tchadienne a ainsi introduit le sujet dans les débats des pré-forums afin de proposer « quelque chose » pour distinguer les deux drapeaux. Si pour certains tchadiens, changer de drapeau n’aura aucun impact sur le quotidien du Tchadien ou sur l’histoire du pays, beaucoup d’autres pensent que le tricolore fait partie de l’identité du pays de Toumaï. Alors, pas question de changer le drapeau, ni d’introduire un signe distinctif. Les plus « chauds » pour le changement du drapeau, ont même fait des propositions qui circulent sur les réseaux sociaux.

Cependant, quel est, réellement, l’attachement de ce drapeau avec le Tchad. Ces trois couleurs reflètent-elles notre Histoire commune ? En effet, comme les autres colonies françaises d’Afrique noire, le Tchad a eu son propre drapeau qu’après son indépendance le 11 août 1960. Entre 1910-1958, le drapeau du Tchad était celui du gouvernement colonial, notamment le drapeau de la France, qui couvre toute l’Afrique Equatoriale Française (AEF). Certaines colonies avaient choisi de drapeau tout en insérant celui de la France dedans. Par exemple des pays arabes avec une majorité musulmane comme l’Algérie, le Maroc, la Tunisie.

Pour le cas du Tchad, les trois couleurs symbolisent respectivement : le bleu pour l’eau et le ciel, le jaune pour le sable du désert du Sahara et le rouge en référence au sacrifice national ou au sang versé par ses fils, notamment le sacrifice fait pour le pays. A l’époque, lorsque le Tchad avait choisi ce drapeau formé de trois bandes verticales, il y avait une nette différence avec celui de la Roumanie, parce qu’en 1948,  ce pays avait apposé les armoiries du régime communiste. C’est en 1989, à la chute du régime communiste, que ces armoiries ont été enlevées pour revenir à l’ancien drapeau qui ressemble désormais à celui du Tchad.

Ainsi, avec le processus de décolonisation, surtout en 1958 lorsque les colonies deviennent des républiques, des pays comme le Cameroun, Sénégal, Togo, Madagascar, Bénin (au début Dahomey), Niger, Burkina Faso (ancienne Haute-Volta), Côte d’Ivoire, Tchad, République Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Mali et Mauritanie, ont désormais leur propre drapeau. Un historien africain, disait que « la majorité des drapeaux des jeunes Etats africains est inspirée des couleurs de la France: bleu, blanc, rouge. C’est juste un camouflage issu du tricolore français, même si on donne des explications aux couleurs choisies par les Etats africains suivant leurs réalités nationales spécifiques », explique ce professeur d’histoire.

Comme ce prof d’histoire, d’autres spécialistes estiment aussi que les drapeaux des Etats indépendants d’Afrique sont un mélange entre les couleurs du drapeau français et les couleurs panafricaines. « Les couleurs traditionnelles panafricaines sont le vert, le rouge et le noir (ou le jaune). Beaucoup de pays du continent africain utilisent le vert, le jaune et le rouge sur leur drapeau, dans cet ordre et de façon verticale. C’est le cas du Sénégal et du Mali », expliquent-ils.

L’avant-débat sur le drapeau a été passionnant, surtout entre les internautes sur les réseaux sociaux. Même si l’on ne sait pas encore quelle est la réelle proposition des pré-forums, chacun attend, curieusement, de voir comment va se dénouer ce débat.