Le recteur de l’Université de N’Djamena a accordé une interview exclusive à notre rédaction. Il se prononce sur les craintes des étudiants en année de master. Pour lui, les revendications estudiantines doivent tenir compte des difficultés du pays puisque, dans tous les cas ce sont ces mêmes étudiants qui seront aux affaires demain.

Tchadinfos : Monsieur le Recteur. Faites-nous brièvement la situation des étudiants en année de Master.

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Au titre de l’année académique 2014-2015, en effet, 374 étudiants ont été régulièrement recrutés et inscrits en cycle de Master dont 243 en régime normal, 79 en régime spécial, 52 déjà titulaires du grade et diplôme de Maîtrise de l’université de N’Djamena. Ces derniers, après avoir délibérément choisi d’occulter leurs diplômes de Maîtrise, ont souscrit aux conditions d’inscription en Master en signant une fiche d’engagement et de non revendication de la bourse pour l’année en cours.

Pour ce qui est du cours, tous les Masters ouverts sont mis en route et fonctionnent bien. La plus part est en passe d’organiser les examens du premier semestre. C’est une avancée importante dans l’application du LMD Licence Master Doctorat et, honnêtement, nous ne regrettons pas de l’avoir organisé.

Dans une lettre adressée à votre institution, ces derniers ont pensé que le rectorat n’a pas été clément envers eux dans l’article 4 du contrat d’engagement qui exclut les titulaires de Maîtrise de l’octroi de la bourse. Qu’en dites-vous ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Juridiquement, pour avoir délibérément signé un contrat d’engagement qui leur retire la bourse, ils n’ont plus le droit de revenir en pleine année revendiquer quoi que ce soit, surtout qu’ils ont la possibilité de patienter et de postuler directement pour la seconde année de Master.

L’année académique 2014-2015 tire à sa fin, mais ces étudiants affirment n’avoir pas encore touché la bourse et pourtant vous avez affirmé que toutes les dispositions sont réunies pour l’octroi de la bourse. Qu’est ce qui explique ce retard ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : En ce qui concerne le retard dans le versement des bourses, vous voudriez bien vous adresser aux responsables du Centre National des Œuvres Universitaire (CNOU). L’administration rectorale s’occupe essentiellement de l’académique. Toutefois, une chose est évidente : la bourse sera versée aux étudiants régulièrement inscrits en régime normal dans les différents Masters.

Les spéculations vont bon train sur le montant de la bourse normale et de la recherche. Qu’en est-il réellement ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Il n’est pas interdit aux citoyens, qui aiment leur pays, de spéculer sur telle ou telle chose. Mais, en attendant qu’il n’en soit autrement, c’est le même montant qui est versé aux étudiants de la Faculté des sciences de la Santé Humaine qui sera versé à ceux en cycle de Master. C’est la bourse d’études.

Les étudiants en Master auront-ils des ordinateurs pour les recherches comme ils le réclament ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Impossible pour l’heure. En Master, on est assez mature et censé de faire une bonne lecture de la situation économique du pays. Les revendications estudiantines doivent en principe tenir compte des difficultés du pays puisqu’en tous les cas ce sont ces mêmes étudiants qui seront aux affaires demain.

Il est dit que ce sont les professeurs titulaires et les Maîtres de conférences qui sont habilités à enseigner en Master. Cependant, la plupart de ceux qui enseignent sont des Docteurs, n’êtes-vous pas en décalage avec les principes du CAMES ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Toutes les dispositions ont été prises pour que les étudiants inscrits en Master soient suffisamment outillés. Plusieurs missions de sollicitation de renforcement des équipes pédagogiques des départements ont été effectuées au Cameroun et en Egypte en vue de supporter les charges académiques et d’encadrement des travaux de recherche. Des enseignants-chercheurs de rang magistral du Benin, du Burkina Faso, du Soudan et du Congo Brazzaville doivent également être invités. Des accords ont été signés. Des conventions spécifiques aussi. Par conséquent, tout ira bien. Il ne sert à rien de voir les choses en mal.

Monsieur le Recteur, avec la création des Masters, peut-on espérer avoir le Cycle de Doctorat dans un avenir proche ?

Dr Ali Abdel-rhamane Haggar : Bientôt, trois Ecoles doctorales en projet vont être mises en place. Des efforts éminemment imports sont en train d’être fournis par son Excellence, Monsieur le Ministre de l’enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique et son équipe.  Un Décret de création des Ecoles doctorales a même déjà été signé. C’est le décret N° 818/PR/PM/MESRS/2015 du 15 Avril 2015, portant Organisation des Etudes Doctorales dans les établissements d’Enseignements Supérieur et de Recherche au Tchad.

Propos recueillis par Eric Ngarlem Toldé