Le Directeur Générale de la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT), M. Tahir Hamid Nguilin nous a accordé un entretien, sur le nouvel accord que le Tchad vient de signer le 21 février 2018, à Paris en France. Cet accord intérimaire a été conclu avec la société Glencore relative au contrat de prépaiement et au contrat de commercialisation de brut avec cette dernière. 

L’accord que le Tchad vient de renégocier vient corriger les carences et les difficultés dans l’exécution du contrat originel de 2014 renégocié en décembre 2015. Ces carences et difficultés se résument en 5 points. Le premier est le coût prohibitif, à travers un taux d’intérêt global, qui est de Libor +7,5% l’an assis sur un prêt presque sans risque, parce que portant sur une ressource certaine. Le second est le mode de remboursement, qui est devenu du fait de la baisse des cours et de la production, quasi confiscatoire, en ce sens qu’il porte sur 70% de Barils « redevances » et 100% des Barils « equity » (participation), à savoir ceux provenant des participations de l’État, à travers la SHT dans le consortium Esso, CNPC, etc. En 3e lieu et comme conséquence du mécanisme de remboursement et de la conjoncture pétrolière, ce prêt génère un service de la dette publique qui absorbe l’essentiel des revenus du Tchad et crève les ratios de soutenabilité de la dette, toutes choses incompatibles avec le programme que le Tchad a conclu avec le FMI, la banque mondiale, etc. En quatrième position, la question de l’indépendance énergétique du Tchad et de l’approvisionnement du marché local et de la raffinerie par un brut appartenant au Tchad. Étant entendu que le contrat commercial 2014 revu en 2015 remet tout le pétrole actuel et à venir revenant à l’État et à ses démembrements entre les mains de Glencore. Le dernier point concerne la souveraineté du Tchad en matière de commercialisation de son brut une fois le prêt principal remboursé. Il faut noter qu’il existait une dichotomie entre le contrat de prêt et le contrat commercial, en ce sens que la durée de vie technique du contrat de prêt est bien courte par rapport à celle du contrat de commercialisation.

Ainsi, même si le prêt était remboursé dans les 3 ou 4 ans ce qui est possible si les cours sont élevés, le contrat commercial, qui ne pouvait être rompu par anticipation, courrait jusqu’à la livraison du 120e cargo à Glencore. Ce qui peut amener le pays à passer par Glencore pendant  10 ans.

Face à tous ces déséquilibres, il a été convenu d’ouvrir les renégociations dès janvier 2017.

« Pour ce faire, rien ne pouvait prospérer sans la volonté politique, et je puis dire que la volonté politique a été totale, ferme, déterminante et déterminée, le Chef de l’État, qui a suivi scrupuleusement et minutieusement ces renégociations, a été clair lors de l’interview qu’il a accordé à la presse internationale l’année dernière » confie le directeur général de la SHT M. Tahir Hamid Nguilin. Ainsi selon lui, la feuille de route du Chef de l’État a été de corriger ces carences.

Les termes du nouvel accord prennent en compte la baisse du taux d’intérêt, pour que ce prêt soit à son juste coût ; l’assurance de l’indépendance énergétique du Tchad ; le respect de la souveraineté du Tchad en matière de commercialisation de son brut par l’annulation de la divergence de durée existant entre le contrat de commercialisation et le contrat de prêt et l’inclusion d’une clause de terminaison ; la mise en conformité des services de la dette avec le programme du Tchad avec le FMI ; la génération de marges budgétaires durables pour l’État.

Ainsi, il peut être noté que l’accord intérimaire signé apporte les clarifications et les solutions à toutes les difficultés et carences relevées conclut le patron de la SHT. «Avec la signature de cet accord intérimaire que d’autres envient, le Tchad est définitivement de retour sur le plan économique» se félicite Tahir Hamid Nguilin.