Elle est l’une des rares femmes tchadiennes qui font parler d’elles au-delà des frontières nationales dans le domaine de l’entrepreneuriat. Mlle Ronel Klaingar est une jeune entrepreneure très polyvalente installée au Bénin depuis quelques années. Elle s’est confié à votre site Tchadinfos dans une interview exclusive.

Tchadinfos: Mlle Klaingar Ronel Klaingar Comment êtes-vous arrivée dans le milieu de l’entrepreneuriat ?

Ronel Klaingar : Depuis mon adolescence, il était évident pour moi que j’allais finir comme mes parents, de braves personnes que j’ai vu accomplir des choses extraordinaires dans nos communautés par l’amour de leur travail.

De Cotonou à Accra, de Tunis à New York, en passant par Dallas et la Polynésie française, j’ai fait des études universitaires et acquis toute l’expérience nécessaire qui a fait de moi aujourd’hui une consultante dans le management des secteurs du tourisme et de l’hôtellerie. Voilà comment Klaingar Consulting est née. Tout au long de mon parcours, plusieurs opportunités se sont présentées à moi, et m’ont conduit à créer d’autres entreprises telles que RonelK Design, RonelK Cosmetics et RonelK Guest House.

Certains vous considèrent comme une self-made-woman. Quels sont les éléments qui ont été déterminants pour votre réussite actuelle ?

R.K : Il faut dire que je ne suis qu’au début de ma carrière, mais j’ai de très grandes ambitions. Entreprendre en Afrique, c’est la croix et la bannière, surtout lorsque vous êtes une femme, jeune et émancipée.  Face au faible soutien de nos États, les pesanteurs sociologiques qui s‘ajoutent aux difficultés inhérentes à l’entrepreneuriat, j’ai pu développer une croyance et un comportement me permettant de toujours relever les défis auxquels je suis confrontée.

Premièrement je suis une femme très passionnée.  Je m’investis entièrement lorsque je décide de faire quelque chose.

Ensuite, ma foi en Dieu et en moi-même me permet de tenir dans les moments difficiles et de persévérer jusqu’à obtenir satisfaction. J’ai aussi compris qu’en réalité, tout problème est solvable. Très souvent c’est parce que nous sommes négatifs et agités que nous n’arrivons pas à trouver des solutions aux petits challenges auxquels on fait face.

Tchadinfos : Quelles sont vos ambitions pour l’Afrique et le Tchad, votre pays d’origine ?

R.K : Enfin, j’ai une forte envie de faire bouger les choses en Afrique et plus particulièrement au Tchad. Un bon nombre de jeunes finissent leurs études sans aucune garantie de se faire embaucher. Le gouvernement fait des efforts, mais il ne peut tout seul affronter et résoudre ce gros défi que tout le monde sait être un danger pour notre société. En tant qu’acteur du secteur privé, je n’ai pas besoin d’être dans le gouvernement pour aider mon pays et mon peuple. Et je n’ai pas besoin non plus de recevoir de l’aide du gouvernement pour monter une affaire, car ma philosophie est claire : il faut commencer petit. Ma motivation principale, c’est de continuer à créer des emplois décents partout en Afrique et aussi amener les jeunes qui le peuvent à entreprendre plus précisément au Tchad. Justement en parlant d’entreprendre, j’encourage le gouvernement à accompagner l’initiative privée en prenant des mesures telles que :

  • La réduction des couts de création d’entreprises
  • Un agrément d’exonération d’impôts pour les nouvelles entreprises sur les trois premières années d’exercice sinon au moins la première.

L’Afrique est une mine d’or et les Africains ont d’énormes atouts alors ne perdons plus de temps.

Tchadinfos : Vous êtes la fondatrice de RONELK et de KLAINGAR CORPORATION, ces entreprises font quoi exactement ?

R.K : Le groupe ronelk est composé de 3 entreprises qui sont :

Ronelk Design aide ses clients à vivre pleinement leur identité africaine en leur offrant de la mode ethnique pour hommes, femmes et enfants. Nos conceptions et designs s’inspirent des richesses culturelles des peuples d’Afrique et d’Amérique.

Ronelk Cosmetics est une ligne de produits cosmétiques naturels capillaires et corporels fabriqués avec des produits locaux. Quelques produits que nous incluons dans la fabrication sont : l’huile de coco, le pollen, l’ail, la cannelle, le gingembre, le karité, le romarin, le ricin… Ronelk Cosmetics crée déjà de la main-d’œuvre dans les zones rurales et en ville et fait aussi la promotion de l’art local.

Ronelk Guesthouse recycle les meubles, les personnalise et les design pour accueillir ses clients dans un cadre convivial, chaleureux et unique. Notre main-d’œuvre est entièrement locale. Notre touche c’est d’être une entreprise socialement et écologiquement responsable.

Klaingar consulting est un cabinet-conseil en gestion hôtelière, tourisme et événements orientés sur le développement du tourisme africain.

Tchadinfos : Avez-vous eu de difficultés tout au long de votre parcours dans l’entrepreneuriat. Si oui lesquelles ?

R.K : Je n’appellerai pas ça des difficultés, mais plutôt des étapes à franchir pour atteindre le sommet. Ça fait 2 ans et demi que j’exerce dans l’entrepreneuriat au Bénin et je peux vous dire que ce n’est pas aisé.

La difficulté majeure à laquelle j’ai été confrontée, c’est la perception culturelle de nos ainés selon laquelle les jeunes ne sont pas suffisamment outillés pour assumer de grandes responsabilités. Pour les quelques organisations et entreprises qui ont su me faire confiance telle que : la Banque mondiale, le ministère de la Famille, le Fonds national de la microfinance, la fondation allemande Friedrich Ebert, la Direction des professions et établissements touristiques du Bénin, Isocel… elles ont décerné un satisfecit total à mon équipe et moi.

C’est une chose d’avoir les compétences requises pour contribuer au développement économique de notre pays, mais c’en est une autre d’avoir accès aux institutions en charge de l’attribution de ses projets. Il faut appartenir à certains réseaux. Ceci représente un frein capital à l’innovation du secteur. Dans de nombreux pays, le tourisme agit comme un moteur de développement grâce à l’épargne en devises étrangères et à la création d’emplois directs et indirects. Le tourisme contribue à 5% du PIB mondial. Il est également le quatrième secteur exportateur, après le pétrole, les produits chimiques et l’automobile. Le tourisme peut être un grand pourvoyeur d’emploi au Tchad.

Le plateau de l’Ennedi a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, c’est une aubaine pour le Tchad. En plus de cela le Tchad regorge d’autres magnifiques sites touristiques du sud au nord.

J’ai parcouru le monde et je puis vous dire que quand le tourisme tchadien se lèvera l’humanité en sera éblouie.

Tchadinfos : Quels conseils pouvez-vous donner aux jeunes tchadiens qui aimeraient se lancer dans l’entrepreneuriat ?

R.K : Tout ce que je peux dire aux jeunes tchadiens c’est d’apprendre à être à l’écoute de leur environnement en répondant aux besoins du marché. Il faut rester positif, persévérer et ne pas avoir peur d’entreprendre, car c’est la seule voie de la liberté économique.