Deux, trois jours ! voilà le temps qu’il faut pour se faire délivrer un casier judiciaire, un document administratif exigé pour les concours et autres besoins au Tchad.

Ce matin au palais de Justice de N’Djamena, la cour est déserte. Quelques militaires en faction devant l’immeuble orientent les justiciables en ces termes : “Lles magistrats sont en grève, il n’y a pas d’activité sauf les casiers judiciaires.”

Nombreux de magistrats, huissiers et avocats ne viennent pas au palais et préfèrent vaquer à leurs occupations professionnelles au quartier où encore dans leurs cabinets respectifs. Même si celui qui délivre les casiers judiciaires répond présent. Ici encore la scène est horrible que dans les hôpitaux. Ils sont nombreux les jeunes à prendre d’assaut l’entrée principal du palais de justice pour se faire délivrer ou retirer leur casier judiciaire.

“J’ai déjà déposé pour la délivrance du casier judiciaire, j’attends juste le rendez-vous à 14 heure pour récupérer”, dit Evelyne, assise sous l’ombre d’un neemier en face de l’institution. Officiellement, le casier judiciaire a 500F mais la réalité est tout autre sur le terrain. Le prix varie en fonction du besoin. Pour une délivrance express, le demandeur débourse entre 1 500 à 2 000F; pour le retrait un jour après le dépôt, il faut 1 000F; si le demandeur n’est pas dans l’urgence, il peut retirer son document dans trois jours en payant 500F. Chose que Christian, un demandeur, gobe mal. “Jamais je ne ferai un casier judiciaire à plus de 500f même s’il s’agit d’attendre deux jours je suis patient”, affirme-t-il.

L’autre question qui se pose porte sur la valeur du document. Dans la logique, un casier judiciaire se délivre après vérification dans les archives ou les bases de données les antécedents des demandeurs. Mais selon le constat fait par la plupart des demandeurs, ce préalale n’est pas respecté. “Il suffit juste de débourser une somme de 1000f à 1500f et tu as droit à un casier judiciaire”, déclare un demandeur. Un autre de renchérir : “Ici même les anciens détenus ont droit à un casier judiciaire avec mention néant, le pays va vraiment mal.”

Un magistrat qui requiert l’anonymat déplore cette manière de faire : “normalement il faut d’abord vérifier le profil du demandeur avant de délivrer un casier judiciaire. Comme c’est le Tchad on fait avec. Le casier judiciaire n’a plus de valeur dans ce pays.”

Le business autour de ce document officiel semble prendre une autre ampleur. Les démarcheurs qui proposent leurs services aux demandeurs les plus pressés se lèchent allègrement les doigts. Ces personnes y compris des gendarmes faufilent entre des bureaux pour faciliter la délivrance.