Le cinéma tchadien est jeune et cherche encore ses marques. Cependant, comme les autres arts, le 7ème a du mal à décoller. Tchadinfos.com est allé à la rencontre des acteurs de ce secteur qui évoquent les raisons qui freinent l’essor du cinéma tchadien.

Réalisateurs, producteurs et acteurs sont tous d’accord sur un point, « le cinéma tchadien va mal ». Les dix dernières années, seulement une trentaine de films tchadiens ont été mis sur le marché. Cette année, alors que le Fespaco fête ses 50 ans, aucun long métrage tchadien n’a été retenu dans la sélection. Au vu de cette situation, l’on s’interroge sur le nœud du problème.

La qualité des productions

La majeure partie des films tchadiens souffrent de faiblesses esthétiques et techniques. Pour cause, les réalisateurs tchadiens qui sont passés par une école de réalisation se comptent au bout des doigts. C’est d’ailleurs le combat de l’acteur international Youssouf Djaoro : « Il y a quelques personnes qui ont fait des études dans des écoles de cinéma sinon la plus grande partie sont des gens comme ça, c’est aussi pour ça qu’on pleure pour la formation. Il faut que les gens se forment et fassent des films qui répondent aux qualités internationales. La formation est un grand problème, jusqu’aujourd’hui on se bat », reconnait-il. Comme lui, Renaud Bedoum, producteur, pense qu’il faut professionnaliser le métier de cinéaste. Il confie que le cinéma est une profession comme toute autre donc « soit on est cinéaste soit on ne l’est pas ». Avec le projet de création de cinéma initié par le gouvernement tchadien, l’espoir de voir ce secteur doté d’une structure de formation était grand. Fort malheureusement, ledit projet n’a pas abouti. Même si la qualité n’y est pas, les acteurs tchadiens du 7ème art s’efforcent de produire mais de gros problèmes de financement demeurent.

Manque d’un fonds spécial

Contrairement, au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Sénégal entre autres, le Tchad ne dispose pas d’un fonds dédié au cinéma. « Le financement est l’un des plus grands obstacles à l’éclosion du cinéma tchadien. A l’heure où nous parlons, le Tchad ne dispose pas d’acteurs clairement identifiables comme sources de financement du cinéma », avance Renaud Besoum, directeur général de Saï production.

Bien que le ministère de la culture ait octroyé directement des fonds dans le passé pour la production des films à l’exemple du film Gris-gris de Mahamat Saleh Haroun avec 400 millions de F CFA, la majorité des films tchadiens sont financées par des particuliers et des ONGs. « Il faut noter que ces genres de financement limitent la création puisque les cinéastes, pour bénéficier du financement sont obligés de s’inscrire dans la politique de ces ONGs et se retrouvent incapables de proposer au public les réalités qu’ils comptent partager », explique Renaud Bedoum.

Pour échapper à cette situation, certains cinéastes se « débrouillent » en ayant un travail rémunéré stable pour financer la production de leurs films. D’autres encore cherchent des issues à l’international, parfois en vivant hors du Tchad. L’Etat doit créer un fonds et un cadre structurel dans lequel le cinéma puisse éclore. Sinon les organismes internationaux seront toujours réticents à financer des films tchadiens.