Cahin-caha, Achta Djibrine Sy, ministre sortante de la Culture et de la Promotion de la diversité,  a pu mener à bout plusieurs projets et programmes. Elle a résumé sa douleur et celle de son équipe, lors de la passation de service, qui s’est déroulée le 1er mars à la Bibliothèque nationale à N’Djaména.

Le déballage. En 33 minutes, Achta Djibrine Sy, sur un ton mélancolique, a présenté les grandes réalisations de son équipe, exprimé les conditions difficiles d’exécution de son plan d’action,  et rappelé quelques perspectives du département de la Culture.

 Avant d’étaler les difficultés rencontrées, la ministre sortante de la Culture se satisfait de quelques actions faites qui sont la contribution du département qu’elle a dirigé à l’élaboration de la feuille de route de la transition ; la conception d’un nouvel organigramme qui tient compte des exigences nationales et internationales pour faire de la culture un levier de développement et de la promotion de la paix ; l’élaboration d’un projet de politique culturelle sur 5 ans.   

« Il faudrait que l’Assemblée nationale et le gouvernement puissent prendre une loi portant création d’un Fonds d’appui à la création artistique.  Tout le monde reconnait qu’il y a d’énormes besoins. Malheureusement, il n’y a pas de ressource. Et comme vous le savez, nous avons passé dix mois à recevoir une pluie de demandes de projets que nous sommes incapables de développer parce que nous n’avons pas un rond pour apporter un petit appui à ces différents artistes qui nous contactent », déplore-t-elle, plaidant auprès des autorités pour qu’elles « reconnaissent » l’apport de la culture dans la recherche de la paix et du développement socio-économique et politique.

Il  n’y a pas que le volet artistique. « Beaucoup de personnes reconnaissent ce ministère à travers l’agitation des artistes ». Mais, il y a également le grand ensemble, qui est le patrimoine. « Et le Tchad a le privilège d’avoir deux sites comme patrimoines mondiaux de l’humanité : le massif de l’Ennedi et les lacs Ounianga ».

Dans la convention qui lie le Tchad à l’UNESCO, il est prévu la production d’un rapport de suivi de ces patrimoines.  Malheureusement, se désole-t-elle, le délai a été « largement » dépassé et le pays a été « sermonné ». La menace de retrait de ces deux sites du patrimoine mondial de l’UNESCO était brandie. « Comprenez ici notre douleur d’être humiliés. De voir notre pays être humilié. Parce qu’il est incapable de produire un rapport de suivi. On ne produit pas un rapport de suivi dans un bureau ».

Il a fallu, dit Achta Djibrine Sy, l’ingéniosité de ses collaborateurs, en faisant des mains et pieds, pour mobiliser des ressources et se déployer sur le terrain avec l’aide des communautés. «  Vous voyez comment c’est laborieux de déployer une mission institutionnelle lorsqu’il n’y a pas de ressource à votre disposition. Qu’est-ce que vous pouvez faire ? », s’interroge-t-elle.  Le ministère a fini par produire le rapport et l’envoyer à l’UNESCO.

A l’heure de la diplomatie culturelle, comment la développer si on n’a pas dans les chancelleries, des attachés culturels formés, se demande l’ancienne ministre.  

Le ministère de la Culture n’a pas son siège propre. Il est logé dans un bâtiment loué. «  Malgré les bonnes volontés,  nous n’avons pas pu faire un pas dans le sens de l’acquisition d’un espace », peste-t-elle, ajoutant qu’Il y a urgence à valoriser le patrimoine culturel du pays.