Ahmat Taigue est de ceux qui croient que l’art apporte une pierre à la construction de l’homme. Ce chorégraphe tchadien travaille avec des réfugiés du Tchad depuis plus de 10 ans. Il leur montre comment danser pour surmonter le stress.

Depuis 2005, Ndam Se Na qui signifie « dansons ensemble » en ngambaye, projet éponyme de l’association dont Ahmat Taigue est le directeur met en relation les hommes et répare un peu l’âme des personnes qui en bénéficient ici au Tchad, les réfugiés. Il est né d’un petit projet à l’échelle d’une école dénommée « Non violence » située au quartier Chagoua.

« A la récréation les élèves se battaient dans cette école . Et je me demandais ce-qu’il fallait faire pour arrêter la violence de ces enfants. J’ai présenté au directeur de l’école un projet des ateliers de danse pendant les récréations qu’il a accepté. Dès lors, pendant deux semaines, à chaque récréation on remettait des tam-tam aux élèves pour qu’ils puissent danser », explique Ahmat Taigué

Puis Ahmat Taigue a proposé ce projet à l’UNHCR pour les enfants des camps de Darfour. Car, comme il le dit « dans les camps il n’y a pas de loisir pour les enfants. » L’agence onusienne lui propose de faire une phase pilote de ce projet dans les camps au sud du Tchad, Gondjé, Amboko et Dosseye. En effet, elle craint que les camps de l’Est soient trop grands pour accueillir le projet. Ndam Se Na a failli s’arrêter après cette phase pilote mais les réfugiés ont demandé d’autres ateliers. Alors l’organisation a fait de nouveau appel à l’association.

« A la base, le projet était exclusivement la danse. Les réfugiés devaient nous montrer leurs danses et apprendre des nouvelles danses techniques. Mais au fur et à mesure, nous avons développé des thèmes sur les problématiques qu’on rencontre dans ces camps : la non violence, l’hygiène, les mariages précoce, les MST notamment le VIH », indique le chorégraphe.

Pour Ahmat Taigue, la danse est une thérapie. « Quand on travaille avec une personne traumatisée, il faut la préparer lors des étirements. Puis on exécute les ateliers, cette personne danse et repart dans sa culture. A la fin, les étirements de relaxation lui permettent de relâcher la pression. Fatiguée, cette personne rentre chez elle, prend sa douche et dort. Le lendemain, elle est détendue et affiche un sourire. C’est ça la magie de la danse », explique Ahmat Taigue.

Ndam Se Na est une organisation d’art social pour l’action sociale basée sur la danse basée à N’Djamena et à Munich. Le but de cette association est de promouvoir la danse en favorisant l’intégration communautaire et la cohabitation pacifique.