MUSIQUE/SCULPTURE – Plateforme de partage et de création initiée par l’artiste Mawndoé, « Au nom de l’art » réunit depuis le 25 janvier, tous les week-ends, une dizaine d’enfants dans l’arrière-cour de l’Institut français du Tchad.

Une après-midi chaude comme on en connait à N’Djamena en cette période de mars. De l’entrée  du jardin de l’institut français du Tchad, on peut écouter au loin des voix reprendre en chœur des titres de l’artiste Mawndoé. Juste à l’entrée des loges de l’institut, sont installées deux colonnes surplombées d’une traverse sur laquelle on peut lire « Au nom de l’art ». Là à côté du studio Makila sous un hangar en contreplaqué, une dizaine d’enfants modèlent de l’argile posée sur une grande table tout yen chantant.

Ces enfants ont entre 4 et 16 ans. chaque samedi et dimanche ils se réunissent dès 10 h à l’Institut français du Tchad pour chanter, danser, sculpter, apprendre dans une ambiance bon enfant comme ce samedi. Une ambiance qui inhibe presque de leur esprit que le dimanche 15 est le dernier jour de cette résidence. Ils en sont conscients mais préfèrent considérer le dernier spectacle de restitution qui aura lieu le 21 mars comme la fin de l’aventure. Une aventure commencée le 18 janvier par un casting digne d’un film.

Séance de répétition

Jeanne Irène, élève en 4e qui participe à cette résidence dit avoir beaucoup appris et s’être fait des amis. « Nous étions à Gaoui sur les traces des Sao. A l’école j’ai appris la légende des Sao mais à Gaoui, j’ai pu voir de mes yeux leurs œuvres en argile. Cela m’a beaucoup inspiré dans mes créations lors de cette résidence » raconte l’adolescente de son excursion à Gaoui.

C’est justement de création qu’il s’agit dans le projet de Mawndoé. « C’est juste un retour à l’essentiel, la création artistique. Pour moi qui ai eu la chance de faire de la musique sur le plan professionnel, cela m’a permis de me rendre compte que ce que je recherchais c’est juste la création et autour de cela partager des valeurs et être heureux. À eux [les enfants] au moins, je peux dire qu’être une star ce n’est pas un métier. Que la popularité n’est pas une fin en soi et qu’on peut être un artiste sans être célèbre. Que la richesse est en nous » dit-il

Pour Mawndoé, c’est trop compliqué de faire comprendre cette marche aux personnes de sa génération car elles ont subi une crise identitaire grave et c’est sans prétention qu’il croit qu’avec ces enfants il peut  « créer » une espèce de jeunes tchadiens qui sont fiers de leur identité. Des jeunes qui vont se sentir beaux et heureux d’être ce qu’ils sont. Mais loin de lui l’idée de modeler ces enfants. Mawndoé veut leur donner un cadre pour les laisser exprimer leur génie en toute liberté.

Après cette journée validée et une photo de famille, les enfants se séparent de leur « tonton Mawndoé » comme ils l’appellent affectueusement. Ils se retrouveront ici dans les jours à venir pour se préparer à la restitution. Une première restitution le 19 mars à l’Institut français et le 21 mars à l’hôtel Novotel. Un album éponyme de ce projet sortira aussi le 19 mars. 14 titres travaillés entre le Tchad, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.