« Mobiliser et impliquer le pouvoir législatif dans les initiatives de plaidoyer en faveur des solutions durables à la crise du Bassin du Lac Tchad ». Voilà l’objectif qui a motivé la visite des parlementaires tchadiens initiée par Oxfam.

L’équipe était constituée pour l’occasion des membres de la commission parlementaire du Bassin du Lac mais aussi des députés leaders des autres groupes parlementaires. Cette descente des parlementaires sur les sites des déplacés de la crise au Lac est une première qui a tenu toutes ses promesses.

Avec à ce jour, environ 257.000 personnes affectées par la crise du Lac Tchad qui a provoqué le déplacement d’environ 124 765 personnes dont 89 010 déplacés enregistrés (12 464 retournés tchadiens). A cela, il faut ajouter 35 755 personnes estimées déplacées, selon les données officielles. Ainsi, la crise du Lac Tchad est l’une des plus importantes que l’Afrique subsaharienne ait connue Malgré cet état de fait, et les grandes rencontres internationales organisées à cet effet, elle reste une crise « oubliée » car financée à ce jour à hauteur seulement de 18% des besoins des populations affectées selon OCHA, l’agence de coordination des affaires humanitaires des nations unies.

En effet, dans la réponse à l’urgence, les structures techniques et politiques de l’Etat ainsi que les autorités régionales, départementales et cantonales ne sont pas en reste. Leur implication constitue une garantie pour trouver des solutions durables. C’est dans cette optique qu’Oxfam, dans la mise en œuvre de sa stratégie de plaidoyer humanitaire, a facilité une visite des parlementaires sur le terrain.

A travers la mobilisation, l’information et responsabilisation des parlementaires, l’Organisation veut plaider pour une meilleure implication de l’Etat dans la recherche d’alternatives durables à la crise. Cette visite a permis aux parlementaires de s’entretenir avec les acteurs-clés de l’action humanitaire dans la zone pour mieux cerner, à tous les niveaux, les défis liés à la crise dans cette partie du Tchad. En effet, elle a commencé par une descente sur les sites et villages d’accueils des déplacés pour donner lieu à des échanges directs avec les populations affectées.

Emotions, compassion et réconfort ont caractérisé ces moments. « C’est une consolation pour nous de voir nos élus pour la première fois venir vivre nos réalités avec nous », a laissé entendre le Bulama de Kiskawa-Mboa. Leurs doléances ont été recueillies par les députés qui ont promis faire entendre leurs voix dans les instances partout où des solutions pourront être trouvées.

A la suite des visites de terrain, place est faite aux tables rondes avec les différents acteurs intervenant dans la Réponse. Les humanitaires ont été rencontrés à OCHA afin, non seulement de prendre connaissance de leurs efforts déployés sur le terrain, mais aussi de mesurer les grands défis auxquels ils font face. Les autorités locales (de Kaya et Fouli) quant à elles ont accueilli les parlementaires autour d’une table ronde à la préfecture de Baga Sola.

« Nous saluons Oxfam pour cette initiative louable et qui va nous permettre de résoudre beaucoup de choses en faveur de nos populations affectées par la crise », a indiqué le préfet du département de Kaya. Les autorités ont ensuite énuméré les principaux problèmes de la zone qui selon elles sont d’abord structurels avant d’être conjoncturels. Le sous-développement est marqué par un manque criard d’infrastructures sociales de base et des difficultés d’accès à la santé, à l’eau et à l’éducation dans les zones insulaires auxquelles s’ajoutent les problèmes d’insécurité alimentaire et de protection.

Au regard de ces problèmes, les parlementaires ont tenu à rappeler aux structures techniques de l’Etat ainsi qu’aux autorités régionales, départementales et cantonales qu’elles doivent davantage s’activer, car leur implication permet de trouver des solutions aux vraies causes de la crise. Ainsi, dans cette dynamique multisectorielle et multi acteurs, la mobilisation et l’implication des parlementaires en tant qu’acteurs clés du processus décisionnel national se sont montrées très fructueuses.

A l’issue de ces rencontres, des recommandations ont été formulées avec comme mécanisme de suivi un comité constitué d’un député de la délégation, des deux Préfets de Kaya et Fouli ainsi que le chargé de plaidoyer humanitaire Oxfam. Ces recommandations tenant lieu d’une feuille de route comportent aussi des mesures spéciales pour certains problèmes jugés comme des nœuds à plusieurs autres problèmes.

Il s’agit par exemple des difficultés d’identification des populations liées au manque criard des actes d’Etat Civil. Il y’a également les difficultés liées à l’accès des populations affectées aux terres cultivables et surtout leur mise en valeur. Le troisième point est relatif aux difficultés d’accès à certaines zones pour l’assistance humanitaire. Pour certaines questions comme le manque d’infrastructures de base et les normes de qualité d’eau, les députés se sont donné la responsabilité de discuter directement avec les ministères concernés pour trouver des solutions idoines.

Oxfam est présent dans la zone depuis juin 2016 avec un important programme intégré visant l’accès à eau, hygiène et assainissement ; la sécurité alimentaire et les moyens d’existences et protection avec une forte composante de plaidoyer visant à contribuer à résoudre durablement la crise de la région du Lac Tchad. Oxfam continuera à apporter assistance et protection aux populations affectées tout en assurant le suivi de l’implication des acteurs étatiques dans la recherche d’alternatives durables.