REPORTAGE – Le Tchad se prépare à affronter le coronavirus. Comment s’y prend-il ? Direction aéroport international Hassan Djamous.

« Un avion vient d’atterrir ! » Serge Madjoutédé donne l’alerte. Le médecin et autres agents de santé s’activent. Chacun enfile un gant, ajuste son cache-nez et s’arme d’un thermoflash ou d’un gel antibactérien. Un rituel qui leur est devenu habituel depuis l’apparition de coronavirus à Wuhan, en Chine, au début du mois de janvier. 

L’équipe médicale de l’aéroport international Hassan Djamous de N’Djamena se positionne. Une fois débarqués de l’avion, des passagers se rangent automatiquement en file indienne. Le thermoflash est brandi sur chacun d’eux, à tour de rôle, pour vérifier la température frontale. Elle indique le plus souvent 36 ou  37 degrés Celsius. « Tout va bien : c’est à partir de 38° C qu’on peut isoler le passager », indique Serge Madjoutédé, le chef de l’équipe médicale.

L’opération se déroule dans une ambiance d’anxiété. Subitement, un homme est mis à l’écart. Il est aussitôt isolé dans un bureau de l’équipe sanitaire.  Derrière lui, une porte vitrée se referme.  Qu’est-ce qui se passe à l’intérieur ? Est-ce le premier cas de coronavirus ? Des questions traversent les esprits… Mais quelques minutes plus tard, le quadragénaire sort, soulagé. Il sourit. Malgré son tempérament rassurant, les passagers présents lui jettent tout de même un regard suspect.  

Pas besoin de s’inquiéter, selon Serge Madjoutédé. « L’homme isolé vient de Chine. Comme pour ceux qui proviennent de ce pays touché par l’épidémie de coronavirus, nous étions simplement en train de l’enregistrer pour consigner son identité et son lieu de résidence dans un registre », explique le médecin. « Aucun cas de coronavirus n’est encore détecté au Tchad », assure-t-il.

Puis, le médecin repart retrouver son équipe pour reprendre la conversation écourtée tout à l’heure par l’atterrissage de l’avion. Plus actif depuis la déclaration de l’épidémie de coronavirus, le groupe sanitaire a toujours été présent à l’aéroport international de N’Djamena. Sa principale mission aujourd’hui : éviter l’introduction de coronavirus sur le territoire national. 

C’est en effet à cette équipe que revient la charge d’alerter et de mettre en quarantaine tous cas suspects. Le Tchad reste ainsi sur le qui-vive, comme d’autres pays africains. Selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC), 32 cas suspects ont été recensés sur le continent, mais aucun n’a été finalement déclaré positif.