Grande gueule, connu pour son franc-parler, Abdel-Nasser Mahamat Ali Garboa, directeur des Droits de l’Homme au ministère de la Justice ne mâche pas ses mots pour dénoncer la gestion scabreuse de la crise de la pandémie du Covid-19. C’est un entretien à cœur ouvert que Tchadinfos a eu avec lui.

Ces derniers temps, ce haut fonctionnaire tchadien s’est transformé en lanceur d’alerte sur les réseaux sociaux. Il ne se passe pas un jour sans qu’il n’attire l’attention des dirigeants sur un point particulier de la pandémie du Covid-19 au Tchad. Mieux encore, Abdel-Nasser Mahamat Ali Garboa éclaire son audimat sur tel ou tel autre fait, donne des chiffres exactes sur des cas avérés ou non, dénonce des exemples de négligence dans les hôpitaux. Il rappelle les mesures barrières, fustige les comportements inciviques tels les rassemblements dans les places mortuaires, le laxisme des policiers qui rechignent à faire appliquer les mesures etc.

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Sa lettre ouverte adressée au chef de l’État a ému plus d’un Tchadien, tant les mots étaient justes et la circonstance appropriée. Cet ancien journaliste, devenu haut fonctionnaire, est sorti de son droit de réserve pour dire haut ce que tout le monde pense bas. Réflexe de reporter dit-il. Vu l’aggravation de la situation avec l’escalade des cas contaminés et des décès, au diable le protocole. L’heure est grave et il faut que le message arrive à bon port. Pour étayer ses dires, l’homme a fait du terrain pour constater de lui-même le chaos à la morgue de N’Djamena pour en témoigner.

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A la morgue de l’hôpital central de N’Djamena, le laxisme et le manque de moyens à la disposition du personnel hospitalier sont des potentiels facteurs amplificateurs de la pandémie. L’entretien que Abdel-Nasser Mahamat Ali Garboa nous a accordé s’est déroulé dans la matinée du 2 mai. Quelques heures après, le ministre de l’Administration du territoire, Mahamat Ismaël Chaïbo signait un arrêté qui réglemente la gestion des dépouilles liées à la pandémie.

Il faut croire que le message du directeur des Droits de l’Homme est passé. Quoi qu’il en soit, l’heure est grave et il a des choses à dire. Comme il le dit lui-même, « le péril est dans notre maison. On doit tous retrousser les manches pour faire face à cela. »