SOCIETE – Comme beaucoup d’agriculteurs, Delphine est coincée à N’Djamena et ne peut regagner ses cultures depuis l’interdiction de se déplacer prise par les autorités pour limiter la propagation de la Covid-19.

Est-ce qu’il pleut beaucoup au village ?“, lance Delphine à son interlocuteur à l’autre bout du fil. “Si c’est le cas, dit aux enfants de commencer à semer“, exhorte l’agricultrice, téléphone collé à l’oreille et qui ne sait toujours pas quand elle pourra s’occuper elle-même de ses cultures.

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Au début du mois de mai, Delphine est arrivée à N’Djamena pour les obsèques de sa tante. Après les funérailles, la cultivatrice s’apprêtait à retourner au village mais entre-temps, le gouvernement a placé la capitale tchadienne en quarantaine pour contenir la propagation de la pandémie de la Covid-19.   

J’ai fait défriché un hectare du sol pour semer l’arachide cette année, malheureusement, je suis bloquée ici“, se lamente-elle.  Delphine avait tenté de contourner cette interdiction, mais a finalement dû y renoncer à la dernière minute. “Il me fallait débourser 40.000 francs CFA pour joindre la ville de Moundou. Puis 60.000 francs CFA pour continuer jusqu’à Koumra“, confie la femme d’une voix attristée par l’éternel attente d’un retour.

Comme elle, beaucoup de paysans sont bloqués loin de leurs terres depuis l’interdiction de voyager entre les différentes provinces du Tchad. Ils se tournent les pouces et attendent avec anxiété la réouverture des frontières internes pour regagner leurs champs déjà mouillés par les premières pluies de l’année.  Une situation qui fait craindre aux spécialistes une chute de la production agricole dans un pays où plus 70 % de sa population vit de l’agriculture.