Depuis la réouverture de tous les commerces, consécutivement à la levée des mesures préventives de la propagation du Coronavirus, des propriétaires de salons de coiffure, restaurants, grills et autres de la capitale, N’Djaména, sont à couteaux tirés avec leurs bailleurs. Malgré que les activités ne sont pas menées à ces endroits depuis près de trois mois, certains bailleurs imposent à leurs locataires de leur verser un trimestre de loyer.

Ce mercredi 3 juin 2020, à la station de bus du quartier Boutalbagara, appelée communément «grillage», une femme, la trentaine, une enveloppe format A4 en main, explique à d’autres qu’elle part déposer une plainte contre son bailleur, à la coordination de la Police judiciaire, pour harcèlement et menace de renvoi.

«Depuis la semaine passée, le monsieur ne veut rien comprendre. Il m’exige de lui verser trois mois de loyer, alors que pendant cette période, le gouvernement a tout fermé. Je n’ai pas travaillé, et cela n’est pas de ma faute. Comme il me demande de quitter dans une semaine, si je ne veux pas payer, nous allons nous expliquer à la coordination», raconte-t-elle. Deux autres femmes, se trouvant à côté d’elle, l’encouragent à ne pas céder et demander justice. «C’est une situation qui est générale. C’est le monde entier qui s’est arrêté. N’écoute-t- il pas la radio?» s’emporte l’une des femmes. Au quartier Chagoua, dans le 7ème arrondissement, Abdallah et Monique, respectivement couturier et coiffeuse, sont aussi menacés par leur bailleresse, une veuve de 70 ans, informe-t-on.

Litige de loyer transféré au chef de carré

Pour les mêmes raisons, la vieille femme leur réclame trois mois d’arriérés de loyer. Leur problème serait transféré chez le chef de carré. Au quartier Ardep-djoumal, dans le 3ème arrondissement, c’est un jeune coiffeur, sur l’axe avenue Goukouni Weddeye, qui est également dérangé, tous les jours, de payer trois mois de loyer, alors que pendant cette période, le gouvernement a fermé tous les commerces non alimentaires. En effet, dans beaucoup de quartiers de N’Djaména, des locataires de locaux pour des activités génératrices de revenus n’arrivent plus à avoir le sommeil, parce qu’ils sont avertis par leurs bailleurs de quitter, s’ils ne peuvent pas leur régler leurs im- payés. Certains ont fait appel à l’arbitrage de sages, chefs de carré ou proches. D’autres, rapporte-t-on, se sont entendus avec les propriétaires de leurs maisons de location de verser un mois en compensation de ces impayés.

La police tentent de concilier les parties

«C’est une situation difficile à traiter. C’est vrai que les gens n’ont pas travaillé pendant des mois, ils n’ont rien pour payer leur loyer. Mais, l’autre aussi, il y a des gens, surtout des veuves, qui ne vivent que de ces loyers. Alors, quand ces problèmes arrivent à notre niveau, nous essayons de négocier avec les deux parties pour qu’elles trouvent un juste mi- lieu. C’est difficile. Per- sonne n’a raison, personne n’est fautif. C’est COVID-19 qui a créé tout cela», déplore un officier de Po- lice judiciaire (OPJ) en poste au COP7.

A.N.T

Le Progrès N° 5317