REPORTAGE – En cette période de crise sanitaire, le marché central de N’Djamena s’efforce de respecter les instructions de prévention données par le gouvernement. Mais non sans quelques failles. Un petit tour sur place.

« Paniers très moins cher ! », « Ma chérie, j’ai les meilleurs légumes et condiments pour ta sauce », … Il est 10 heures au marché central de la ville de N’Djamena. Des bruits des commerçants et vendeurs rivalisent de décibels pour attirer l’attention des clients. En ce début du mois d’avril, des Tchadiens affluent dans la zone du marché destinée à la vente des produits de première nécessité.

Pour limiter la propagation du coronavirus, le gouvernement avait décidé, le 23 mars, de fermer les boutiques et magasins des produits non vivriers. Restés ouverts, les marchés doivent cependant respecter des mesures barrières « pour assurer une meilleure sécurité sanitaire aux Tchadiens », précisait le décret gouvernemental.

L’impossible distanciation sociale au marché

Une semaine plus tard, au marché central de N’Djamena, des gens se bousculent et se marchent dessus pour se frayer un passage. L’on se précipite sur les sacs de farine, du riz et bien d’autres produits alimentaires.

La faute au Covid-19, selon une cliente croisée dans les allées du marché. « Je fais la provision pour ne pas mourir de faim. On sait jamais : si le confinement est décidé, ce ne sera pas facile de venir au marché tous les temps alors que les enfants ne peuvent pas rester sans manger. Il faut donc, dès à présent, se préparer en conséquence », explique-t-elle.

Ventes clandestines des produits non alimentaires

Qu’en est-il des boutiques et magasins qui ne vendaient pas des produits non alimentaires ? Sont-ils restés fermés, comme l’exige le gouvernement ? En apparence seulement.

Des commerçants des habits, chaussures et autres sont tous là, à côté de leurs shops fermés. Toujours prêts à servir, clandestinement, le client qui se présente. Pour eux aussi, le même casse-tête : comment nourrir sa famille en restant à la maison ? « Alors, mieux vaut être présent ici et tenter sa chance, même s’il est question de gagner un 500 francs CFA par jour », confie l’un d’eux.

Visiblement, sans mesures d’accompagnement des commerçants, l’État aura du mal à les convaincre de « rester à la maison ».