Une dispute au tour des bœufs a tourné au vinaigre dans le canton Komé, province du Logone Oriental. Résultat: un mort et six millions pour la ”diya ”exigés.

Ce problème qui n’est pas le premier du genre montre la face cachée du vivre ensemble des Tchadiens. Le 06 janvier 2021, dans le canton Komé, province du Logone Oriental, une bagarre entre un agriculteur et un éleveur s’est soldé par le décès de ce dernier.

Selon le chef de canton de Komé, Nani-assingar Ndolébé Philipe, que nous avons joint par téléphone, un jeune de la sous-préfecture de Béti dans le département de Kouh-Est est allé à Béboungueye, acheter deux bœufs. Sur le chemin du retour, il a croisé un éleveur. Ce dernier l’a accusé d’avoir volé les boeufs de ses frères. Le jeune dit qu’il n’a pas volé les bœufs. L’éléveur l’a menacé en brandissant une flèche et une machette.

Pour se défendre, l’agriculteur se rend aussitôt auprès des habitants du village Nalla pour y ramener des armes blanches. Entre-temps, l’éleveur a tenté d’emporter ses bœufs. A son retour, une bagarre éclate et le pire est arrivé. L’éleveur est tué.

D’après le chef de canton, pour réparer la mort de leur frère, les éleveurs ont demandé un bœuf et six cent mille de nos francs pour le sacrifice. Puis, ils ont exigé six millions CFA pour la ”diya”, le prix du sang.

Cet acte a engagé la responsabilité de toute la communauté. Les gens collectent tout ce qu’il faut: mil, sésame, haricot et bien d’autres pour vendre et pouvoir payer la ”diya”.

” La diya est suspendue sur toute l’étendue du territoire national par le président de la République, lors de la conférence des gouverneurs, à Abéché en 2019″, rappelle le gouverneur de la province du Logone Oriental, Moussa Haroun Tirgo, joint également par téléphone.

Mais, précise-t-il, la ”diya” est une réparation d’une infraction. ”Ça favorise le vivre ensemble des communautés, éleveurs et agriculteurs”.

D’un ton dur, le gouverneur Tirgo martèle que “les populations du canton Komé doivent supporter les conséquences du crime qu’elles ont commis”. Pour lui, la ”diya” n’empêche pas la poursuite judiciaire.

Le mardi 12 janvier était le délai de rigueur pour débloquer les six millions. Et comme promis, les éleveurs sont venus de toutes les contrées, même de la République centrafricaine pour attaquer au cas où les autochtones n’arriveraient pas à réunir la somme exigée.

Tout compte fait, la population n’a réuni que 1.650.0000 FCFA. Ce montant présenté a failli mettre le feu aux poudres. Mais les autorités administratives et militaires qui ont pris toutes les dispositions tôt ont réussi à maitriser la situation. Par leur concours, les éleveurs ont accepté le peu qui est apporté. Le chef de canton de Komé a signé un engagement pour compléter les 4.350.000 f restants dans un mois.

Ainsi, pour le gap, les autorités locales ont sommé les 70 villages que compte le canton Komé Ndolébé de donner chacun 50.000f. Chose que certains villages ne comprennent pas. Car, pour eux, le criminel n’est pas de leur localité.

Reste à savoir, si tout est payé, les éleveurs vont quitter la zone comme l’ont souhaité les populations du canton Komé ? Car, d’autres sources renseignent que l’esprit de vengeance est perceptible du côté des éleveurs, malgré le compromis qui a été trouvé.

BESSAMA Bongaro