Le 3 novembre, un conflit entre agriculteur et éleveur s’est soldé par un décès dans un village du département des Monts de Lam, province du Logone Oriental. Il est exigé de la population de la localité et ses environs le paiement d’une somme de 600.000 F.CFA pour l’organisation des funérailles de l’éleveur avant toute autre procédure, rapporte la radio Arc-en-ciel.

Ce jour-là, relatent nos confrères, un éleveur qui faisait paître son troupeau, a voulu traverser le champ de sésame d’un agriculteur du village Toura. Chose que ce dernier a refusé. Ce désaccord a engendré un affrontement. Le père de l’agriculteur, Doubradji Sylvain, témoigne :« Mon fils était en train de récolter les sésames lorsqu’un éleveur et son troupeau voulaient traverser son champ. Il lui a demandé de passer de l’autre côté, mais l’éleveur a refusé. Il l’a menacé avec le gourdin, puis a enlevé le couteau. Après avoir tenté deux fois de le poignarder, mon fils a barré. Comme ils étaient deux, il est arrivé à lui donner cinq coups de couteau par derrière. Mon fils s’est débattu et a arraché son couteau pour lui donner aussi deux coups de poignard. »

D’après Arc-en-ciel, le village Toura et ses environs sont sommés de payer la somme de 600.000 F.CFA pour l’organisation des funérailles de l’éleveur, décédé à la suite de cette rixe. « Tout le monde se torture pour avoir l’argent. Et il y a la pression. Ceux qui sont arrêtés sont vraiment torturés à la prison de Mbaibokoum. C’est la panique », confie un habitant de la localité.

Le secrétaire général de la Convention nationale pour le dialogue et le règlement pacifique des conflits, Benoudji Absalom, demande aux autorités d’appliquer les textes pour résoudre de tels problèmes. « Nous n’avons pas une justice forte, nous avons seulement des hommes forts qui viennent s’imposer (…) pour régler ces genres de problèmes, il faut se référer aux textes », recommande-t-il.

Contacté par la radio communautaire, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Mbaibokoum, Djems Mbaiadoum, dit être informé de cette affaire, mais que le dossier n’est pas encore arrivé à son niveau. « Tant que le juge ne vous a pas condamné, on ne peut pas vous demander de payer de tel montant. C’est extra-judiciaire. Il y a un principe qui est vraiment fondamental, c’est la présomption d’innocence. Tant qu’une décision n’est pas encore tombée, la personne est présumée innocente. Donc on ne peut pas demander à un présumé innocent de payer de tel montant ».

Le délai fixé par les autorités en charge de la sécurité pour le paiement de cette somme expire ce lundi.