YAOUNDE, 1er novembre (Xinhua) — Une décision inédite, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) a adopté lors d’une réunion de son comité de politique monétaire tenue jeudi à Yaoundé, un dispositif réglementaire qui rend éligibles au refinancement de la Banque de développement des Etats de l’Afrique centrale (BDEAC) les titres publics émis par les Etats membres.

“C’est très important parce qu’on ne le faisait pas avant. C’est pour améliorer le financement de nos économies. Parce que pour doper la croissance, il faut améliorer le financement. Et la banque centrale à travers ce dispositif réglementaire permet désormais aux banques d’amener au refinancement un éventail d’actifs qui pourrait leur permettre de satisfaire les besoins des Etats”, a expliqué à la presse le gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama.

Depuis le premier emprunt obligataire émis en novembre 2010 par le Cameroun, des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) ont entrepris de recourir au marché financier régional pour mobiliser des ressources en vue du financement notamment de projets d’infrastructures.

L’émission des titres publics a ainsi commencé devenir une mode pratiquée dans la région, en plus donc du Cameroun, par d’autres pays comme le Gabon et le Tchad. Cependant, aucun dispositif réglementaire n’était prévu à la BEAC pour rendre éligibles au refinancement de la BDEAC ces outils de financement de l’économie.

Suite à une décélération persistante de la croissance économique régionale actuellement projetée à 2,6%, le comité de politique monétaire de la BEAC a adopté lors de sa troisième réunion annuelle jeudi à Yaoundé au Cameroun “le dispositif réglementaire régissant l’admission des actifs financiers en garantie de la BEAC aux établissements de crédit, rendant notamment éligibles au refinancement de la BDEAC les titres publics émis par les Etats par voies d’adjudication et de syndication”, selon un communiqué officiel.

Selon le gouverneur de la BEAC, “l’objectif de ce dispositif en fait est de rendre plus attractifs et liquides les titres émis par les Etats sur le marché financier de notre sous-région et augmenter ainsi indirectement les possibilités de financement de nos Etats. C’est très important, donc désormais les actifs représentant les émissions obligataires par syndication émis par exemple par le Gabon, le Cameroun et le Tchad seront désormais acceptées comme collatérales des avances que la BEAC accorde aux banques”.

“De même, a-t-il poursuivi face à la presse, les émissions des obligations assimilables du Trésor émises par adjudication et organisées par la BEAC seront elles aussi plus attractives, dans la mesure où elles seront admises au refinancement à la BEAC. Ce n’était pas le cas auparavant et les banques attendaient vivement cette décision, qui est vraiment, je dirais, une décision un peu historique pour la banque centrale”.

Par cet acte qualifié d’historique, la banque centrale de la CEMAC tente d’apporter une solution au problème de surliquidité des banques commerciales et des établissements de microfinance qui caractérise cet espace communautaire, alors que dans le même temps le financement de l’économie est réputée exsangue, admet Lucas Abaga Nchama.