Chaque 15 mars est célébrée la journée mondiale des droits du consommateur. Placée cette année sous le thème Des produits connectés ou intelligents de confiance, retenu par l’Organisation internationale des Consommateurs (OIC), cette journée a été célébrée au Tchad par  l’Association pour la défense des droits des consommateurs (ADC) autour du sous-thème : quelle régulation des TICs pour une meilleure protection des consommateurs ?

Le secrétaire général de l’ADC, Daouda El hadj Adam, a expliqué le choix du thème dans le contexte tchadien au cours d’une conférence de presse qu’il a animé ce vendredi 15 mars 2019 à la maison des médias Tchad.

“Le choix de ce thème s’explique par le fait que les utilisateurs des TICs sont confrontés à de multiples problèmes, qu’il est urgent de les mettre en exergue et lancer une dynamique nouvelle de recherche de solutions idoines et durables pour permettre au Tchad de s’adapter à l’ère du Numérique”.

Les ordinateurs, les Smartphones, les tablettes, les télévisions, les cartes de crédit, et les consoles de jeux-vidéos sont les appareils connectés les plus populaires.

Selon le SG de l’ADC, un état des lieux de l’état de la protection des consommateurs dans le domaine des  TICs montre que les consommateurs tchadiens sont confrontés à de problèmes d’accessibilité, de coût, de transparence, de faiblesse de la régulation.

Pour lui, l’accessibilité au service reste le faible accès au Haut débit Mobile : Daouda El hadj Adam cite les données de l’UIT de 2017, 5% seulement de la population a accès à l’internet alors qu’en Afrique le taux est de 34%. “En Afrique centrale, nous sommes classés 9ème sur 11”, a-t-il précisé.

Parmi les problèmes récurrents cités par le secrétaire général de l’ADC, figurent la mauvaise qualité de service des réseaux des opérateurs de la téléphonie mobile, la censure de réseaux sociaux depuis une année par la voie normale et la pénalisation des consommateurs par l’usage contraignante et coûteuse via le VPN. Manque d’infrastructures adéquates pour garantir la fourniture de l’internet haut débit, Présence sur les marchés des terminaux de qualité douteuse

En ce qui concerne les coûts des communications électroniques, selon l’ADC, ils demeurent élevés. Ce que Daouda El hadj Adam explique par “le niveau élevé de taxation. « Les taxes représentent près de 60% des coûts de communication. Au lieu d’être stimulées pour jouer son rôle de catalyseur de développement économique et social, bien au contraire les TICs sont devenues pour le gouvernement, une proie facile à surtaxer et faire supporter injustement par les consommateurs. Les coûts d’interconnexion pratiqués par les opérateurs, avec la complicité passive de l’ARCEP sont élevés et constituent un obstacle à l’interopérabilité des abonnés la concurrence est quasi inexistence car les principaux  2 opérateurs qui se partagent le marché sans beaucoup de craintes”.

L’ADC trouve qu’au niveau institutionnel, malgré la transformation de l’ex Office tchadien de régulation de la télécommunication (OTRT) en Autorité de régulation de la communication électronique et postale (ARCEP) et l’adoption d’une loi propre à la régulation intervenue en 2014 (loi 13 du 14 mars 2014), force est malheureusement de constater que la fonction de protection des consommateurs définie dans les attributions de l’ARCEP par la loi à savoir  garantir la protection des consommateurs  n’ont pas connu d’évolution. “Les méthodes jusqu’à lors utilisées n’apportent pas des solutions aux préoccupations des consommateurs  en terme d’accessibilité,  de qualité de service et de tarification. Les consommateurs continuent à subir des désagréments” a regretté Daouda El hadj Adam

Au regard de ce qui précède, l’ADC estime que l’ARCEP dont l‘une des missions principales est de garantir la protection des consommateurs n’assure pas pleinement ce rôle  qui lui est dévolu.

L’ADC profite de la célébration de cette journée pour faire des recommandations suivantes au gouvernement:

  1. l’accélération de l’opérationnalisation de la fibre optique Tchad – Soudan afin de résoudre l’épineux problème de connectivité au Haut débit ;
  2. la redynamisation de la régulation des TICs afin de le rendre plus efficace, crédible, transparent, indépendant, participatif, consultatifs et soucieux de la protection des consommateurs et du bon fonctionnement du marché ;
  3. la restauration d’un climat de confiance, d’assurance et de bonne collaboration entre les acteurs y compris avec l’ensemble des acteurs gouvernementaux ;
  4. rétablissement  l’accès aux réseaux sociaux sans contrainte du VPN ;
  5. mettre en œuvre les textes régissant la cybercriminalité et cyber sécurité ;
  6. engager une profonde réflexion/consultation impliquant l’ensemble des parties prenantes  du Numérique au Tchad pour d’une part, échanger sur les défis et les enjeux des TIC au Tchad à l’ère du Numérique et d’autre part dégager des pistes de solutions pour une meilleure intégration du Tchad à l’ère du numérique.