N’DJAMENA, 22 octobre (Xinhua) — Face à la situation toujours alarmante en République centrafricaine (RCA), les chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), réunis lundi dans la capitale tchadienne, ont pris un certain nombre de mesures appropriées et appelé les partenaires internationaux à les aider à la résoudre.

“Les chefs d’Etat ont exprimé leur préoccupation face au risque de dégradation de la situation politique, sécuritaire et humanitaire déjà très alarmante, notamment au nord-ouest, au sud et au sud-ouest,consécutivement aux actes de violences récurrents”, indique le communiqué final du sommet de N’Djaména, cinquième du genre consacré à la RCA depuis le début de l’année.

Le président tchadien, Idriss Déby Itno, qui dirige l’organisation régionale, et ses pairs ont condamné l’instrumentalisation des populations sur la base des appartenances ethniques et religieuses à des fins politiciennes. Ils ont encouragé les chefs religieux à poursuivre leurs efforts de sensibilisation et de médiation, puis lancé un appel pressant à la communauté internationale pour un aide humanitaire urgente aux populations centrafricaines en détresse.

A la classe politique et à toutes les forces vives de la nation centrafricaine, les leaders de l’Afrique centrale ont demandé de respecter la feuille de route de N’Djaména, ainsi que la charte nationale de transition et de privilégier le dialogue afin de capitaliser les efforts de la communauté internationale visant la restauration d’une paix durable dans l’intérêt supérieur du peuple centrafricain. Ils ont ainsi instruit le secrétariat général de la CEEAC à faciliter l’organisation d’une “conférence nationale inclusive avec tous les acteurs de la vie politique et sociale de la République centrafricaine”.

La feuille de route de N’Djaména, formulée à la mi-avril 2013 dans la capitale tchadienne, avait fixé la durée de la transition en RCA à dix-huit mois; pendant ce temps, des élections libres, démocratiques, transparentes et régulières (référendum constitutionnel, législatives et présidentielle) sont organisées sur la base d’un ordonnancement juridique et d’un calendrier consensuel, en vue de retour à un ordre constitutionnel démocratique et incontesté, etc. Le chef de l’Etat, le Premier ministre et les membres du gouvernement de transition, ainsi que le président et les membres du bureau du Conseil national de transition (sorte de parlement transitoire), ne pourront se présenter à ces élections.

Lundi, les chefs de la CEEAC ont réaffirmé que la durée de la transition ne peut excéder les dix-huit mois, à compter du 18 août 2013, date de la prestation de serment du chef d’Etat de la transition. A cet égard, ils ont demandé aux autorités de la transition de désigner rapidement l’autorité en charge de conduire le processus électoral en vue de l’élaboration et de la mise en oeuvre d’un calendrier précis des opérations électorales conformément à la feuille de route de N’Djaména.

Pour les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEEAC, c’est une bonne note que la majorité des institutions de la transition en RCA aient été mises en oeuvre et des progrès réalisés dans le processus de stabilisation de la situation sécuritaire en République centrafricaine, particulièrement dans la ville de Bangui et les zones de corridors d’échanges commerciaux avec le Cameroun.

Le président Déby Itno et ses hôtes se sont également félicité de la création de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA), née de la transformation de la MICOPAX 2 (Mission de consolidation de la paix du Conseil de paix et de sécurité en République centrafricaine) et ont salué la résolution 2121-2013 du Conseil de sécurité des Nations-Unies adoptée le 10 octobre 2013 appuyant la MISCA. Ils ont engagé le secrétariat général de l’organisation régionale et la Commission de l’Union africaine à travailler davantage afin d’obtenir du Conseil de sécurité des Nations-Unies un “mandat robuste pour la MISCA sous chapitre 7 de la charte des Nations-Unies”.

“En outre, les chefs d’Etat et de gouvernement appellent les autorités centrafricaines à accélérer la réforme du secteur de sécurité en dotant la RCA d’une nouvelle armée nationale avec l’appui de la communauté internationale, conformément au paragraphe 17 de la résolution 2121-2013 du Conseil de sécurité des Nations-Unies”, indique le texte.

Enfin, tout en se félicitant du soutien de la France et de l’Union européenne à la MICOPAX et à la MISCA, la conférence de N’Djaména a exhorté le groupe international de contacts pour la République centrafricaine à mobiliser urgemment les ressources financières pour alimenter les fonds fiduciaires nécessaires au soutien de la MISCA et à la réussite de la transition en RCA. Se référant au paragraphe 22 de la résolution 2121-2013 du Conseil de sécurité, elle a appelé le secrétaire général de l’ONU et la communauté internationale à “traduire dans les faits, de façon urgente, les appuis financiers et logistiques à la MISCA”.

En ouvrant les assises de N’Djaména quelques heures plus tôt, le président Déby Itno avait invité “les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, la Russie, la Grande Bretagne, en leur qualité de membres permanents du Conseil de sécurité, à soutenir les efforts de la CEEAC en lui apportant un appui financier et matériel pour la réalisation de la paix et de la stabilisation en République centrafricaine”.

La CEEAC a été créée en 1983 avec pour mission de conduire le processus de coopération et d’intégration en Afrique centrale. En 1999, lors du sommet de Malabo (Guinée Equatoriale), quatre objectifs lui ont été assigné à savoir le développement de la culture et l’intégration humaine, celui de la capacité d’analyse, d’action, d’initiation, d’intervention entrepreneuriale, de communication et de négociation collective. Plus tard, il a été ajouté à ces objectifs le développement de la paix, de la sécurité et de la stabilité et l’intégration physique, économique et monétaire.

Elle est composée de 10 pays membres à savoir l’Angola, le Burundi, le Cameroun, le Gabon, la République démocratique du Congo, le Congo, Sao Tomé et Principe, le Tchad, la République Centrafricaine et la Guinée Equatoriale. Le Rwanda s’est retiré de cette Communauté en juin 2007.

Cinq chefs d’Etat ont pris part à la rencontre de N’Djaména: le tchadien Déby Itno, l’équato-guinéen Obiang Nguema Mbasogo, le gabonais Ali Bongo Ondimba et le congolais Denis Sassou Nguesso, ainsi que le président de la transition centrafricain Michel Djotodia. Le Cameroun et Sao Tomé & Principe s’y sont fait représenter par leurs chefs de gouvernement: Philemon Yang et Gabriel Akanjo Costa; le Burundi par son ministre de la Défense et des Anciens combattants; et l’Angola par son ambassadeur au Tchad, Sebastio Manuel Fernandes Kisito. Etaient également présents M. Nicolas Tiangaye, Premier ministre de transition de la RCA; M. Ahmat Allami, secrétaire général de la CEEAC; Mme Ahmat Haoua Youssouf, représentante spéciale de la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), chef du bureau de liaison de l’UA en RCA; et M. Babacar Gaye, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef du bureau intégré des Nations-Unies en RCA.