SOCIETE – A la suite de la grève des bars due à l’augmentation des prix de la bière, les consommateurs tchadiens se ruent désormais vers les caves de vin, “plus accessibles”.

Il est sans conteste que la plupart des bars, maquis ou alimentation de vente de bières sont hermétiquement clos. Fait causé par l’imposition des Brasseries du Tchad (Bdt) qui, pour supporter des charges, a “légèrement revue à la hausse” les prix des bières, qui oscillent aujourd’hui entre 650, 750 et 800 francs pour la Castel, la 33, la Guinness… Cela a provoqué l’ire des tenanciers des bars et compagnie qui ont mis la clé sous le paillasson jusqu’à ce que la taxe soit retirée. Ils se disent “frapper de plein de fouet”.

Les consommateurs de bière, résignés ou n’ayant pas les moyens face à cette hausse, affluent dorénavant vers les caves ou commerces de vins. Les propriétaires de ces commerces se frottent les mains tandis que ceux des bars se tournent le pouce. Un sillon dans les quartiers “ambiancés” de N’Djamena fait observer que la clientèle des caves affichent complet en ce moment.

Sur l’axe huppé Mathias Ngarteri de Chagoua, les buveurs de vin, whisky (généralement frelatés) se bousculent au seuil d’une cave. Tous demandent quasiment la même chose : du vin, notamment Casanova.

Un peu plus à l’ouest de là, Moursal. Une cave visitée, conforte nos dires. Abritée dans une pièce exiguë, la cave déborde de monde. Hommes, femmes, jeunes et vieux sont “confinés” comme dans une boîte de conserve. La pièce ne peut contenir les clients au point que des chaises sont installées jusqu’à la ruelle longeant le coin. Au soir, le passage est impraticable, obstrué par les motos,  véhicules des consommateurs. Les “ex consommateurs de bière” ont simplement et purement virés au vin. Là également les cris Casanova, Castillo ou Baron se font entendre quand les clients appellent la serveuse, visiblement submergée. “Des clients achètent autant pour boire sur place que pour en emporter chez eux“, confie la jeune dame avant d’ajouter: “Les chiffres d’affaires? Ça va, on se plaint“, comme pour rester modeste.

Quelques boutades. “C’est abordable et économique. Avec une ou deux briques de vin de 1 500 francs, je suis satisfait et le mouvement est validé. Mais mon organisme n’y est pas encore adapté. J’ai des courbatures et une gueule de bois au réveil. Ça me fait faire la diarrhée (…)“, ironise un “nouveau dégustateur de vin, croisé à Ardep Djoumal.

Tant que la grève des bars continue, car renouvelée ce lundi 13 janvier, les tenanciers de cave jubileront. Cette situation sied bien à la maxime populaire qui dit que: “le malheur des uns fait le bonheur des autres”.

BACTAR Frank I.