La question sur l’organisation, le fonctionnement et la gestion de la Société nationale d’électricité (SNE), qui devait être débattue par les députés ce mercredi a été ajournée. La raison ?

Comme elle prive déjà ses abonnés de l’énergie, la Société nationale d’électricité vient de priver les députés des débats autour d’elle. La question sur son organisation, son fonctionnement et sa gestion, initiée par le député Ahmat Issa Badi, a été bottée en touche, ce mercredi 31 octobre, à l’Assemblée nationale.

Tout a pourtant bien commencé. Après l’appel nominal, le quorum étant atteint, la séance plénière est ouverte présidé par Moussa Kadam, premier vice-président de l’Assemblée nationale. Mais, très vite, après une brève introduction de cette question d’actualité par le président de séance, des députés souhaitent, compte tenu de l’importance du sujet, recadrer l’initiative du député Ahmat Issa Badi : la faire passer d’une simple question d’actualité à une question orale avec débats.

La nouvelle Constitution de mai 2018 dispose en effet que la question d’actualité ne dure que deux heures alors que la question orale avec débats n’est pas limitée dans le temps. Cette dernière est également sanctionnée d’une résolution qui sera suivie par les députés. C’est pourquoi les élus ont penché vers cette deuxième option plutôt que de s’attarder sur une question d’actualité sans issue.

S’en suit alors un débat houleux entre députés à l’issue duquel Moussa Kadam suspend la séance et demande au député Ahmat Issa Badi de transformer sa question d’actualité en question orale avec débats et de la déposer au bureau de l’Assemblée nationale pour être reprogrammée. Mais pour l’initiateur, son initiative était d’abord une question orale avec débats avant d’être réorientée comme question d’actualité à l’issue de la conférence des présidents de commissions.

Après la dissolution de la STEE (Société tchadienne d’eau et d’électricité) pour insatisfaction due à la mauvaise prestation de service et mauvaise gestion, la SNE qui devait corriger les erreurs du passé, laisse place à une déception, selon Ahmat Issa Badi. Pour le député, l’électricité demeure un luxe pour la majorité des Tchadiens. « La population se lamente de l’accès difficile, de la prestation de service défectueuse, du coût élevé et de la faible couverture de l’électricité ainsi que de l’arnaque des agents », dénonce-t-il. Cette situation conduit, d’après Ahmat Issa Badi, certains individus à qualifier la SNE d’une « société nationale d’escroquerie ».

De son côté, M. Boukar Michel, ministre du Pétrole et de l’Energie, estime que la fourniture de l’électricité avec l’énergie thermique demeurera toujours chère, et que le problème d’énergie ne sera jamais résolu. Il soutient en effet qu’avec la thermique la SNE vend l’électricité à perte. Selon le ministre, plus de 200 millions de francs CFA sont dépensés par le gouvernement, par jour, pour combler le gap.

En plus de cela, poursuit M. Boukar Michel, les installations actuelles de la SNE ont été mises en place pour environ 600 000 personnes, alors que la population de N’Djamena est aujourd’hui estimée à plus d’un million d’habitants. Et qu’une société fonctionne également quand les abonnés paient leurs factures. Pour le cas de la SNE, les grandes institutions dont l’Assemblée nationale n’honorent pas leurs engagements (plus de 2 milliards de francs CFA), selon le ministre. Idem pour certains individus au nom des « prises en charges ».

« J’aurais souhaité qu’on ouvre les débats pour mieux situer nos compatriotes. Je maitrise mieux la question d’électricité. Nous sommes en train de tout faire pour résoudre le problème d’accès à l’électricité. Nous allons essayer d’aller vers d’autres sources d’énergie que la thermique. Car avec celle-ci, le problème sera difficile à résoudre », tranche M. Boukar Michel.