SÉCURITÉ –L’Armée nationale tchadienne (ANT), telle qu’elle est constituée actuellement et qui fait parler d’elle à travers toute l’Afrique, est née après la seconde guerre mondiale dans le cadre de la décolonisation qui a mené les Etats africains aux indépendances. Même si des soldats tchadiens ont participé à la libération de la France sous occupation allemande, c’est un an après l’indépendance du Tchad que l’armée est née officiellement.

Anciens combattants tchadiens.

L’acte officiel de la création l’armée tchadienne est l’Ordonnance n°02 du 27 mai 1961. La souveraineté nationale et internationale acquise de la France, le Tchad a désormais son destin en main pour réorganiser sa politique et sa gouvernance intérieure. De ce fait, pour mettre en place une armée, le Tchad a déjà en main ses fils ayant participé à la seconde guerre mondiale pour libérer la France. Ce régiment tchadien de retour d’Europe sera le premier noyau de l’armée nationale tchadienne.

De ce fait, après la première Ordonnance portant création, d’autres actes seront pris notamment, l’arrêté 1174 du 9 juin 1961 portant recrutement dans l’ANT et surtout le décret 119 du 12 mai 1962 portant règlement  et discipline dans l’armée. Dans ces textes, il est noté que l’armée tchadienne est composée de l’Armée de terre, l’Armée de l’air, de la Gendarmerie et de la GNNT (garde nationale et nomade du Tchad). Ce sont là les principaux noyaux de l’armée nationale tchadienne.

Défilé militaire Place de la Nation, février 2020

Pratiquement, pour mettre cette grande machine en marche, la France transfère 750 éléments pour composer cette armée naissante. Le premier commandant de l’armée dite tchadienne est le lieutenant Jacques Doumro. C’est à partir de ces éléments que seront constitués dans les années suivantes, bataillons et régiments, jusqu’au début du recrutement normal d’autres tchadiens vers les années 1965.

Des éléments de l’Armée nationale du Tchad (ANT) au Nord Mali Ph Dr

Les tâches confiées à cette armée sont, entre autres, défendre l’intégrité du territoire en préservant les frontières du pays, maintenir l’ordre et la sécurité des citoyens. Il est aussi mentionné que, cette armée doit s’instruire, s’éduquer et se former. Spécifiquement, l’armée ne doit pas s’occuper de la politique.

La formation

Pour que l’armée soit professionnelle et efficace, respectueuse des normes, le recrutement se faisait sur l’ensemble du pays, mais le nombre tourne autour de 300 personnes. Les nouvelles recrues sont formées sur place dans des camps d’instruction parce que le Tchad ne disposait pas encore d’une école de formation militaire. Certains sont envoyés chez des pays amis pour les former, notamment en France, l’ex Zaïre ou autres.  Avec la France, naturellement, le Tchad a conclu quelques accords pour la formation et l’équipement dont l’accord de défense du 15 août 1960, l’accord d’assistance militaire technique du 19 mai 1964

La première école des officiers

Elèves officiers du GMIA

La première école de formation militaire a vu le jour en 1969 à Fort Lamy, la capitale (actuel N’Djaména). Cette école et d’autres centres d’instruction ont permis au Tchad d’avoir une armée professionnelle dont les éléments sont recrutés par voie normale. Mais, l’armée tchadienne maintiendra-t-elle le cap du professionnalisme ? Avec les événements qu’a connus le Tchad, certainement non.

L’apparition des combattants, des officiers assimilés

Des soldats des Forces armées nationales tchadiennes (FANT), l’armée nationale tchadienne, se réunissent autour de leur chef Idriss Deby lors d’une conférence de presse après avoir reconquis la région de Borkou-Ennedi-Tibesti (BET) du Tchad. L’armée tchadienne a repris l’aéroport de Faya-Largeau et Wadi Doum, où l’armée libyenne en retraite a abandonné de nombreux morts et de nombreux équipements militaires, pour la plupart de fabrication soviétique. Des avions libyens ont effectué un bombardement le même jour dans le but de détruire du matériel tombé entre les mains du Tchad. | Localisation: Entre Faya-Largeau et Wadi Doum, Tchad. (Photo par © Patrick Robert / Sygma / CORBIS / Sygma via Getty Images)

Dans le rôle qui lui a été assigné, l’armée ne devrait pas s’occuper de la politique. Elle a ses missions bien précises. Mais, malheureusement, cette armée va se retrouver au cœur de la politique avec le coup d’état d’avril 1975 dont ses officiers exerceront le pouvoir politique au plus haut sommet. A l’approche des années 1980, l’armée sera aussi entachée par le phénomène des combattants issus des différentes factions rebelles qui rallieront le pouvoir central de N’Djaména et dont à chaque fois, dans les accords, il est mentionné l’intégration des éléments rebelles dans l’armée régulière. Chaque régime, après Ngarta, s’est appuyé sur cette armée et surtout des combattants qui, bizarrement, plus aguerris que les militaires professionnels, très engagés et surtout tactiquement plus habiles en mettant souvent l’armée régulière en déroute.

L’histoire retiendra que les militaires qui ont mis en déroute l’armée libyenne lourdement bien équipée, ne sont pas tous des professionnels mais des combattants dont la stratégie a surpris le monde entier. Mais, comme disait un officier supérieur de l’armée, combattants et autres officiers assimilés, ont besoin d’apprendre la discipline militaire et une formation adéquate pour bien servir la Nation.