Depuis l’agression du Curé de la paroisse Saint Isidore Bakandja de Walia Goré et la profanation des locaux de sa paroisse le 3 novembre 2021, la réaction de l’archevêque était très attendue. Edmond Djitangar Goetbé Edmond a rompu le silence, par une note du 5 novembre.   

« Nous dénonçons certaines attitudes et comportements de mépris que certains compatriotes adoptent vis-à-vis de la religion des autres. C’est une forme d’intolérance qui ne doit pas avoir place dans une société plurielle comme la nôtre. Ceux qui se conduisent ainsi se mettent “en guerre contre Dieu” car Dieu ne méprise aucune prière faite de bon cœur et avec une conscience droite, quelle que soit la confession religieuse du croyant », écrit Monseigneur Djitangar Goetbé Edmond. Car pour lui, quel qu’en soit le motif, « il est intolérable d’injurier et de porter la main sur un religieux en plein exercice de sa responsabilité ».

Des actes répétitifs

L’archevêque de N’Djamena indique qu’ils suivent cette affaire de près car elle « confirme le mépris des personnes et des lieux de culte par ceux qui sont censés les protéger », parce que, souligne-t-il, ce n’est pas un fait isolé. Il rappelle en effet quatre autres situations similaires notamment :

  • des tirs des gaz lacrymogènes dans la cour de la paroisse Saint Mathias Mulumba de Paris-Congo le 6 février 2018 lors de la répression d’une manifestation, blessant des fidèles qui sortaient de la messe matinale ;
  • l’empêchement le 29 mars 2020 par un poste mobile de la police posté à l’entrée de la paroisse du Sacré-Cœur du curé d’accéder à la paroisse pour célébrer la messe du dimanche à cause du confinement ;
  • le fait que des militaires à bord de trois véhicules Toyota aient fait irruption dans la cour de la paroisse du Sacré-Cœur le 27 avril 2021 pour se reposer à leur retour de la répression des manifestations de rue ;
  • à nouveau des tirs de gaz lacrymogènes dans la cour de la paroisse de paris-Congo le 27 avril 2021.

Djitangar Goetbé Edmond déplore que ses lettres de protestation écrites aux autorités sont toutes restées sans suite.

L’archevêque de N’Djamena fait donc une mise au point par rapport à « cette énième violation de notre lieu de culte, cette fois-ci avec violence sur la personne du curé, sana autorisation et sans motif déclaré » :

  • le manque de respect d’un lieu de culte fréquenté et avec tous les signes de son caractère sacré est une violation du premier article de la Constitution sur la laïcité de la République ;
  • en commettant cet acte, ces militaires se mettent au dessus de la loi ou dans une position de « hors-la-loi » ;

L’archevêque dénonce le laxisme des autorités publiques

Le premier responsable de l’Eglise de N’Djamena dénonce par la même occasion l’utilisation du site de la basilique par les commerçants de sable et de briques, l’ouverture d’un marché de vente de fournitures militaires dans un côté de la « Tente-Cathédrale ». Et ce, sans que les autorités ne lèvent le petit doigt.

L’archevêque demande aux chrétiens de prier pour la conversion de ceux qui ne respectent pas les choses sacrées « par ignorance ou par mépris », de faire respecter les lieux sacrés et de rester vigilants pour dénoncer toute conduite et activités suspectes de nuire au caractère sacré des lieux de culte.

Aux curés, le prélat instruit de prier pour demander le pardon du Seigneur pour ceux qui font le mal, de renforcer les capacités des services de sécurité, de réglementer les heures d’ouverture et de fermeture des églises et de signaler aux autorités diocésaines ou administratives tout comportement douteux ou de manque de respect aux lieux sacrés.

Djitangar Goetbé Edmond exhorte en fin les autorités publiques à garantir la laïcité du Tchad et de prendre des mesures pour sécuriser les lieux de culte et pour punir ceux posent des actes « de nature à compromettre le vivre ensemble si cher aux Tchadiens ».

En fin, l’archevêque annonce qu’il célébrera la messe le dimanche 7 novembre 2021 à la paroisse de Walia Goré.

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