SÉCURITÉ – Une semaine après le sommet de Pau tenu entre le président français et ses homologues sahéliens, les choses semblent se préciser quant à la mise en œuvre des résolutions. Dans ce sens, la ministre française des Armées a entamé une tournée de deux jours dans le Sahel.

N’Djamena a constitué la première étape de cette visite. Florence Parly, ministre française des Armées est arrivée dans la capitale tchadienne dans la nuit du 19 janvier 2020. Elle est accompagnée par son homologue suédois. Au menu de la rencontre qu’ils ont eue avec les autorités tchadiennes, la mise en œuvre des résolutions du sommet de Pau en France tenu le 13 janvier. De cette rencontre, il est décidé de l’envoi d’un bataillon tchadien dans la zone des trois frontières, réputée exposée aux attaques terroristes. Bamako est la seconde étape. Les deux ministres qui ont quitté la capitale tchadienne seront rejoints à Bamako par les Portugais et les Estoniens.

Cette visite des Européens annonce les couleurs de la coalition internationale qui est annoncée au sommet de Pau par Emmanuel et les chefs d’État du G5sahel. Plusieurs pays européens ne veulent pas pour le moment s’engager dans cette lutte contre le terrorisme mais c’est une nécessité car les pays se trouveront aussi en danger en cas d’invasion dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina et Niger). L’Algérie a une frontière terrestre avec le Mali. Et il se trouve que l’Algérie est la porte d’entrée en l’Europe. S’il arrive que le terrorisme sahélien arrive à traverser les portes du pays de Bouteflika, l’Europe sera fortement exposée aux menaces terroristes. Ce qui, de fait, nécessité la conjugaison des efforts pour anéantir tous ces groupes terroristes et la France doit appuyer cette fois-ci sans réserve le commandement des Etats membres et au-delà la force G5 Sahel.

Le Tchad reste un élément clé dans la lutte contre ce fléau. Bien que disponible, le Tchad doit faire face aux attaques terroristes dans le lac Tchad. Ce qui veut dire qu’Idriss Déby Itno ne peut pas tout mettre à la disposition de la France pour combattre l’État islamique dans le Sahel. Les pays tels que le Mali et le Burkina doivent résolument s’engager dans la lutte pour restaurer l’autorité de l’État dans leurs frontières respectives. En attendant de connaître les moyens réels de Takuba, le Tchad lui s’engage à envoyer un bataillon dans les zones de trois frontières. Il sera soutenu par Barkhane et la Minusma.

Pour la ministre française des Armées, la mise en œuvre d’une coalition internationale pour le Sahel constitue un « tournant dans la lutte contre le terrorisme. » Car celle-ci permettra de conjuguer les outils militaire, politique et économique. Les efforts se concentreront sur la « région la plus critique », celle des trois frontières, entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, « avec un nouveau dispositif de commandement conjoint, qui va associer le commandement de Barkhane, le commandement de la force conjointe du G5 Sahel et puis bien sûr les États-majors des armées sahéliennes. » La ministre a salué la mobilisation des partenaires européens, notamment à travers la mise en place de la « Task Force Takuba  », futur groupement de forces spéciales européennes, qui sera opérationnelle dans les prochains mois.

Aux côtés de son homologue suédois, la ministre des Armées a souligné l’engagement de la Suède sur les questions sécuritaires au Sahel. « Depuis cinq ans, la Suède participe activement aux opérations de commandement de la MINUSMA pour la période la plus récente. Et au fond, ce que font Barkhane d’un côté, la MINUSMA de l’autre sont deux éléments complémentaires, deux faces d’une même pièce dans cette lutte contre le terrorisme. »