Dans l’affaire des héritiers d’Ali Sakine, la Cour suprême a condamné Annadif Sakine à restituer tous les biens immeubles et payer des dommages et intérêts à hauteur de 300 millions de FCFA aux ayants droit. Mais depuis lors l’exécution de l’arrêt est au point mort. En cause, l’interférence supposée des hautes autorités du ministère de la Justice.

L’affaire des héritiers d’Ali Sakine semble être un feuilleton où l’exécution de la décision de la Justice reste le dernier épisode. Mais pratiquement, le dénouement se montre perplexe à cause des cartes de toutes couleurs qui se jouent. Après neuf jugements rendus en faveur des ayants droits, rien n’a bougé d’un iota quant à l’exécution. Entre interférence, corruption, abus de pouvoir, faux et usage du faux, c’est la notoriété de la Justice qui prend un coup.

Interférence ou abus de pouvoir?

Non satisfait du jugement prononcé en première instance, Annadif Sakine, le défendeur, a interjeté appel. Mais la Cour d’appel l’a bouté en confirmant le jugement. Alors qu’un huissier était en phase de procéder à l’exécution, le ministre de la Justice, Djimet Arabi a écrit au procureur général près de la Cour d’appel pour l’instruire d’ordonner la suspension de l’exécution de l’arrêt. Chose normale puisque l’affaire était pendante devant la Cour suprême. Mais que se passe après le verdict de l’instance suprême rendu le 11 février 2019 ?  Est-ce l’ombre du ministre Djimet Arabi plane-t-il encore derrière cette lenteur dans l’exécution de l’arrêt ?

Selon des sources proches du dossier, des “mains invisibles” étouffent le dossier. Des doigts accusateurs sont pointés vers le ministre Djimet Arabi et Mahamat Tadjadine, inspecteur général au ministère de la Justice. Avec le soutien supposé de ces pontes du ministère de tutelle, Annadif Sakine nargue la justice et ses neveux, plaignants. Que dire si des hautes autorités du département de la Justice font de leur mieux pour barrer la route à la Justice ?

L’autorité de la Justice dans tout ça ?

Tout compte fait, c’est l’autorité de la Justice qui est en train d’être bafouée. Comme premiers ennemis de cette institution, ceux qui sont censé la valoriser (hommes politiques, connaisseurs du domaine) qui la décrédibilisent par des comportements déshonorants. Comme second ennemi, la corruption, l’interférence, le clientélisme etc. Dans tous les cas, la Justice doit s’affirmer en prenant ses responsabilités pour faire exécuter les décisions qu’elle rend. Car, dire le droit sans le faire appliquer est comme faire de la théorie sans la pratique. Si l’on veut redonner à la Justice tchadienne ses lettres de noblesse, il faut procéder à la dépolitisation et à la séparation effective des pouvoirs où l’indépendance de chaque organe doit régner.