Votre rubrique vous fait découvrir ce dimanche, Ngarmbatina Lamane. Très présent sur les réseaux sociaux, il est membre du Bureau politique national du Mouvement patriotique du salut (MPS) et soutien inconditionnel des nouvelles autorités.

Il ne passe pas inaperçu sur les réseaux sociaux tchadiens. Régulièrement objet de quolibets, de railleries et même d’insultes par ses détracteurs, Ngarmbatina Lamane ne se dérobe pas. Qui est ce quadragénaire qui défend bec et ongles le Mouvement patriotique du salut et son défunt fondateur ainsi que les nouvelles autorités qui ont pris le pouvoir après la mort au front du maréchal Déby ?

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Ngarmbatina Lamane nait le 22 septembre 1976 à N’Djamena dans une famille polygamique. Le fils aîné de sa mère fait ses premiers pas à l’école à N’Djamena mais a dû interrompre aussitôt la scolarité pour se retrouver à Bodo, au sud du pays, en cette période d’instabilité au Tchad. A Bodo, il va passer quelques années sans mettre pied à l’école, car en cette période où les Codos faisaient face aux FAN (Forces armées du nord), il n’était pas possible d’aller à l’école.

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C’est de retour à N’Djamena qu’il reprit les cours et acheva le cycle primaire en 1990 à l’école Source du progrès. Après un passage au collège évangélique, c’est au lycée Félix Eboué qu’il décroche le baccalauréat, série A4 en 2000. Ce sésame en poche, Ngarmbatina Lamane s’envole pour Cotonou. Au Bénin, il va décrocher un BTS en Marketing et un Master en Gestion de Projet en 2009.

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De retour du Bénin, il va enchainer les stages. En 2014, il passe avec succès le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA). Il en sort nanti en 2018 du diplôme de premier cycle, option Administration générale et intègre le ministère de l’Administration du territoire en tant que contractuel du fait de la limite d’âge d’intégration à la Fonction publique qui l’a frappée. L’énarque a été secrétaire général du département de Mamdi, province du Lac Tchad, de juin à novembre 2019.

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Celui qui est un indécrottable militant du MPS aujourd’hui a pourtant fait son entrée en politique dans l’opposition radicale. En effet, de son retour du Bénin, il adhère d’abord au FAR/PF de Yorongar Ngarlejy. Un parti dont il a même été secrétaire général à l’animation de la jeunesse avant de claquer la porte en 2012 suite à un « divorce idéologique » avec son « mentor » d’alors. « Yorongar était dans le radicalisme le plus total alors qu’en politique, on doit faire des concessions. La politique, c’est l’art des concessions », se justifie-t-il. Il avait aussi dénoncé un manque de débat, « c’était la dictature », ainsi qu’une « certaine opacité » dans la gestion financière du parti.

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La même année, Ngarmbatina Lamane fait le grand saut et adhère au parti au pouvoir. « D’abord pour un Tchadien, nous avons une dette morale envers ce parti. Parce que ce parti a consenti d’énormes sacrifices pour libérer le Tchad de la dictature la plus implacable que le Tchad ait connu. Donc ce n’est que justice si j’ai adhéré au MPS », argumente-t-il, tout en évoquant une autre raison, l’idéologie du parti, à savoir le social-démocratie, « car je suis un démocrate ».

A cause de son bord politique, ce père de quatre enfants est raillé, insulté sur les réseaux sociaux. Mais il ne se laisse pas faire. « J’ai une carapace de tortue. Quand j’ai une conviction j’y tiens fermement, quel que soit le qu’en dira-t-on. Je suis fidèle à cette idéologie, fidèle à ce combat ». Pour Ngarmbatina, ses détracteurs sont en manque d’idées. « C’est un combat d’idées mais mes détracteurs n’ont pas la force d’arguments. Ils s’attaquent à ma personne. Je suis traité de tous les noms d’oiseaux, de tous les péchés d’Israël mais je suis resté serein parce que c’est une question de conviction », martèle-t-il.

En dépit de la mort du maréchal Idriss Déby Itno et du fait que son parti n’est plus au pouvoir, le membre du Bureau politique national du MPS continue à soutenir avec force les nouvelles autorités et principalement le président du Conseil militaire de transition. Ce qui se justifie aussi selon celui qui ne se sépare pas de son bâton, signe de « commandement ». Pour lui, la disparition du maréchal Déby, dont il salue la mémoire, a laissé le Tchad dans « l’impasse totale ». « C’est une situation exceptionnelle et il faut aussi des mesures exceptionnelles ». Celui qui est Contrôleur d’État à l’IGE (Inspection générale d’Etat) depuis juillet 2021 pense que « Le CMT est une chance pour le Tchad ». Car, croit-il, n’eut été la création du CMT, « ça allait être le déluge, le chaos qui allait s’installer ».