REVUE DE PRESSE- La tentative d’arrestation musclée de Yaya Dillo Djerou, les candidats retenus par la Cour suprême pour l’élection présidentielle, le remaniement du gouvernement, sont entre autres les sujets qui ont retenu l’attention de la presse tchadienne au courant de la semaine du 1er au 7 mars 2021.  

« Un accrochage mortel chez Yaya Dillo »

C’est le sujet qui a défrayé la chronique la semaine dernière. Le Progrès du lundi 1er mars 2021 nous informe que « cinq personnes seraient décédées dans un échange de tirs, très tôt dans la matinée d’hier, dimanche 28 février 2021, entre des éléments des forces de défense et de sécurité et des membres de la famille de M. Yaya Dillo ». Le gouvernement, dans un communiqué officiel, dont Le Progrès cite certains extraits, indique « qu’après un refus systématique, depuis 48 heures, de M. Yaya Dillo, appuyé d’un groupe de personnes armées, de répondre à deux mandats judiciaires, l’intéressé a, vertement, défié l’autorité de l’Etat, en opposant une résistance armée ». « Les forces de défense et de sécurité en intervention pour l’exécution de ces mandats ayant essuyé des tirs d’armes provenant du domicile où il s’est retranché, rapporte le communiqué, n’ont pas eu d’autre choix que de riposter, en légitime défense », poursuit Le Progrès qui précise aussi que le communiqué du gouvernement évoque deux morts et cinq blessés dont trois parmi les forces de l’ordre.

Le Pays dans un « Récit d’un siège » écrit que « Entre le 27 et le 28 février, le quartier Karkandjié dans le 5ème arrondissement de la capitale a vécu une scène qui a sérieusement grignoté ce qui reste encore de vernis à la démocratie tchadienne ».

« Yaya Dillo Djérou : de candidat à fugitif », pointe de son côté L’Observateur. Dans son éditorial, cet hebdomadaire note que « le torchon  a commencé à brûler au sein de la famille quand Yaya Dillo s’en est pris à l’épouse du chef de l’Etat, Hinda Déby Itno et sa fondation “Grand cœur”, sur les réseaux sociaux ». L’Obs indique que « Banni du cercle familial, cet ancien rebelle du Socle pour le Changement, l’Unité et la Démocratie (SCUD), ayant tiré les leçons de son échec de maquisard, a choisi de conquérir cette fois-ci le pouvoir par la voie des urnes ». Mais depuis les échanges de tirs à son domicile, Yaya Dillo a été exfiltré et il a disparu dans la nature. « Libre de ses mouvements, ce fugitif et ancien rebelle ne peut qu’inquiéter », analyse L’Observateur.

« Que reproche-t-on à Yaya Dillo ? », s’interroge à sa Une Le Sahel. Comme pour lui répondre, N’Djamena Hebdo estime de son côté que c’est une « Guerre fratricide sur le terrain politique ».

10 candidats retenus pour la présidentielle  

Après l’incident du 28 février à son domicile et son exfiltration, Yaya Dillo, investi par une coalition de 13 partis ne sera donc pas de la partie pour la présidentielle. Une présidentielle pour laquelle la Cour suprême a retenu dix candidats sur 17 candidatures déposées (six dossiers ont été rejetés et un prétendant a retiré son dossier). C’est ce qu’annonce Le Progrès du jeudi 4 mars. Il s’agit d’Idriss Déby Itno, Félix Romadoumngar Nialbé, Saleh Kebzabo, Albert Pahimi Padacké, Théophile Yombombé Madjitoloum, Théophile Bongoro Bebzouné, Mme Lydie Beassemda, Ngarlejy Koji-Yorongar Le Moïban, Baltazar Alladoum Djarma et Brice Mbaïmon Guedmbaye. Dans un autre article de ce même numéro, Le Progrès note toutefois que le député Saleh Kebzabo se retire de la course « consécutivement à l’extraction judiciaire forcée, avec des morts et blessés, le dimanche 28 février, du candidat Yaya Dillo Djérou, de son domicile » tandis que les candidats Théophile Bongoro et Yorongar Ngarlejy conditionnent leur participation au scrutin par un dialogue politique et la révision de la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ainsi que du Cadre national de dialogue politique (CNDP). Les deux derniers cités ont finalement jeté l’éponge eux aussi.

L’Observateur estime, après le rejet de certaines candidatures et le retrait de ces trois candidats, que «Déby sera accompagné par des pneus de secours ».  Ce qui amène Le Sahel à s’interroger si « Idriss Déby est-il en position de force ? ». Ce journal pense que « Toutes les conditions sont réunies pour permettre au locataire du palais rose d’affronter sans difficultés les échéances électorales en vue » en mettant en exergue sa désignation comme président en exercice du G5 Sahel, la mobilisation de son parti sur le terrain et la division de l’opposition.

« MIDI place ses jockers »

C’est dans cette atmosphère électorale que le chef de l’Etat a remanié son gouvernement le 25 février 2021. Il y a eu cinq départs et cinq entrées. Pour Le Visionnaire « MIDI place ses jockers » (MIDI pour Maréchal Idriss Déby Itno). Le journal tente d’expliquer ce remaniement par le fait que le ministre sortant de la sécurité publique, Mahamat Tahir Orozi n’a su maitriser les manifestations d’où son remplacement par Souleymane Abakar Adoum, qu’Adoum Fortey Ahmadou a pris la place d’Ali Mbodou Mbodoumi à la Fonction publique parce que ce dernier n’a pas bien gérer le recrutement de 20.000 jeunes et le bras de fer avec les centrales syndicales, qu’Alladjim Naorgué a hérité de l’aviation civile parce que son prédécesseur Sebgué Nandeh a démissionné après un désaccord et que le « brouillon » Mahamat Abali Salah, remplacé à la défense par Djimadoum Tiraïna, a été emporté par le vent du G5 Sahel. Le Visionnaire qui indique qu’il est difficile de connaitre les raisons du départ de Brahim Mahamat Djamaladine de l’environnement et son remplacement par Bichara Issa Djadallah, conclut que c’est « un remaniement de circonstance, une tentative du Maréchal à répondre aux exigences de l’heure ».

Mais pour N’Djamena Hebdo, c’est tout simplement « Un remaniement inopportun ». Car, se justifie-t-il, « Quoi qu’on ait dit, le remaniement n’a pas répondu à ce que les Tchadiens avaient l’habitude de voir : un gouvernement de combat ».

Reprise de la grève des fonctionnaires    

Suspendue le 8 février pour 23 jours à la demande des leaders religieux, la grève déclenchée le 11 janvier pour revendiquer le paiement des frais de transport reprend ce mardi 9 mars 2021 pour une semaine. Le Sahel l’avait vu venir. « La reprise de la grève des fonctionnaires est imminente », avait-il prédit. « Le gouvernement dit qu’il n’est pas à mesure de satisfaire nos revendications (…). La grève semble évidente parce que tout le monde constate que nous sommes en face des partenaires qui ne sont pas d’accord par rapport aux engagements qu’ils prennent vis-à-vis des travailleurs », avait lâché Barka Michel, le porte-parole de la plateforme syndicale, relayé par Le Sahel.

Le Visionnaire y voit « un dialogue des sourds » en se demandant si les religieux ont échoué dans les négociations qu’ils ont entrepris pour rapprocher les deux parties.

« Vaut-il encore la peine d’aller en grève ? », s’interroge en conséquence Le Pays face à cette situation. Cet hebdomadaire renseignent qu’ « Aujourd’hui, de plus en plus de fonctionnaires ne croient plus à la lutte syndicale ». Car, estime-t-il, c’est un régime « qui ne tient pas parole et qui se fout de ses partenaires sociaux ».