La note sur la situation de l’économie et la pauvreté au Tchad publiée par la Banque mondiale le 02 octobre dernier constate que la hausse de la production pétrolière et la consolidation macroéconomique ont permis une reprise de l’économie avec une croissance estimée à 3,2 % en 2019, après la récession des années 2016-2017. Mais la crise de la covid-19 a assombri toutefois les perspectives à court terme, notamment à cause de ses répercussions négatives sur les prix du pétrole
Avant la pandémie de COVID-19, c’est-à-dire jusqu’en février 2020, l’économie tchadienne poursuivait une reprise progressive, bien que modeste.
Cette reprise a été soutenue par une augmentation significative de la production pétrolière et agricole. Après la récession sévère de 2016-2017, la croissance s’est redressée à 2,4 % en 2018 et 3,2 % en 2019. La croissance du Produit intérieur brut (PIB) non pétrolier est également passée de – 0,9 % en 2017 à 2,2 % en 2019 grâce à la reprise du secteur des services.
Selon le rapport, la réussite des programmes d’assainissement des finances publiques, consistant à contenir la masse salariale et à intensifier les efforts de mobilisation des recettes non pétrolières a permis d’améliorer l’équilibre budgétaire et de soutenir la dette. Le déficit budgétaire global a ainsi diminué de -5,8 % du PIB non pétrolier en 2015 à -0,8 % en 2019. L’État a également restructuré sa dette à l’égard du groupe pétrolier Glencore, ce qui a permis de rétablir la liquidité et la soutenabilité de la dette. La dette publique a diminué, passant du niveau record de 54,8 % du PIB atteint en 2016 à 44,3 % en 2019, même si le risque de surendettement reste élevé.
Bien que le taux de pauvreté ait diminué au cours des quinze dernières années, il reste élevé dans le pays
Environ 6,5 millions de Tchadiens (42 % de la population) vivaient en dessous du seuil national de pauvreté en 2018. Les ménages pauvres ont davantage d’enfants, moins d’accès à l’instruction et travaillent souvent dans le secteur agricole dans des conditions de production peu favorables. Malgré une amélioration de la situation non monétaire des Tchadiens, les conditions de vie des personnes pauvres demeurent précaires et sont exacerbées par un faible accès aux services de base tels que l’eau potable, l’assainissement et l’électricité, ainsi qu’un accès limité aux actifs.
Il existe une forte disparité géographique dans la répartition de la pauvreté, le nord étant moins confronté à la pauvreté que les autres régions, à l’exception de la capitale. Par ailleurs, les Tchadiens souffrent de fortes inégalités dans la répartition du bien-être : les 20 % les plus riches représentent plus de 40 % de la consommation totale contre 8 % pour les 20 % les plus pauvres.
Comme dans le reste du monde, depuis mars 2020, la pandémie de COVID-19 a radicalement changé les perspectives macroéconomiques du Tchad
Les effets négatifs de la pandémie ne concernent pas tant la contagion directe que la récession économique mondiale et l’effondrement des prix internationaux du pétrole qu’elle a déclenchés. Le secteur pétrolier du Tchad, qui représente près de 80 % des exportations et 40 % des recettes publiques, a été sévèrement touché. La baisse de la demande des exportations, la réduction des apports des IDE, la fermeture des frontières, et les mesures de distanciation sociale risquent de replonger le pays dans une récession en 2020, avec une contraction de l’économie projetée à 0,2 % (par rapport au taux de croissance de 4,8 % prévu avant la pandémie). Le déficit du compte courant risque de se creuser, les recettes budgétaires et les dépenses publiques diminueront, alors que l’accumulation accrue des arriérés devrait se poursuivre. Si l’impact de la crise de la COVID-19 s’atténuait dans les mois à venir et si les mesures de fin de confinement étaient assouplies, la croissance pourrait rebondir en 2021 avec l’accélération de la production dans les nouveaux champs pétrolifères, le rétablissement des prix du pétrole.
Source: Banque Mondiale