Si aucun cas de poliomyélite n’a été enregistré au Tchad depuis près de cinq ans, le gouvernement multiplie les actions pour arriver définitivement à bout de cette maladie dont les risques de réintroduction et de propagation persistent.

En étroite collaboration avec l’Unicef et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le ministère tchadien de la Santé publique a lancé, le 25 mars, une campagne de vaccination contre la poliomyélite.

“La polio est une maladie pouvant avoir des conséquences irréversibles pour un enfant faute de vaccination complète. Un enfant non vacciné peut contaminer jusqu’à deux cents enfants autour de lui”, a déclaré Mme Ngarmbatina Carmel Soukate, ministre tchadien de la Santé publique.

Entre 2010 et 2016, 51 campagnes de vaccination contre la polio ont été organisées, touchant une moyenne d’environ 4 millions d’enfants de moins de 5 ans par campagne nationale. Sur le vaste territoire tchadien, plus de 5 000 mobilisateurs sociaux (crieurs et relais communautaires) et plus de 25 000 vaccinateurs ont été impliqués à chaque campagne nationale et plus de 154 millions de doses de vaccins ont été utilisées pendant toute la période. Pour la campagne en cours, les agents vaccinateurs vont de porte à porte et dans les lieux publics (écoles, marchés, églises, etc.) pour administrer le vaccin.

“L’éradication totale de la poliomyélite en Afrique est pourtant, à portée de main au cours des prochaines années. Pour y arriver, la mobilisation de l’ensemble des autorités gouvernementales, traditionnelles et religieuses ainsi que celle de la population est essentielle”, a indiqué Jean-Bosco Ndihokubwayo, représentant de l’OMS au Tchad.

Mme Ngarmbatina Carmel Soukate a, elle aussi, exhorté tous les parents à faire vacciner leurs enfants en bas âge.

Depuis le 14 juin 2012, aucun cas de poliovirus sauvage n’a été déclaré au Tchad. Au cours de la session de la commission régionale de certification de l’OMS, tenue du 27 au 30 juin 2016 à Alger (Algérie), il a été certifié pays libre de polio. Pour atteindre ces performances, des moyens considérables ont été mobilisés par le gouvernement et les partenaires techniques et financiers (dont l’OMS, l’Unicef, la Fondation Bill et Melinda Gates, Rotary et la Croix rouge du Tchad, des milliers d’agents de santé, ainsi que des dizaines de milliers de volontaires.

Avec l’atteinte du statut de pays libéré de la polio, le Tchad avait franchi une étape cruciale vers l’éradication de cette maladie. Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant la fin de la lutte contre cette terrible maladie handicapante. La situation demeure en effet fragile tant au niveau régional que mondial: le virus continue de circuler au Pakistan et en Afghanistan et le contexte épidémiologique et sécuritaire dans la sous-région et plus particulièrement dans le bassin du Lac Tchad, reste préoccupant. Une nouvelle menace a refait surface dans la région avec la découverte de nouveaux cas en 2016 dans l’Etat de Borno au Nord-Est du Nigeria. Compte tenu de mouvements de population dans cette région proche du Lac Tchad et de la faible couverture vaccinale des enfants, les risques de contamination sont très importants.

“La vaccination est particulièrement importante pour les familles les plus difficiles à atteindre et qui ne disposent pas d’informations suffisantes sur la vaccination”, a précisé M. Philippe Barragne-Bigot, représentant de l’Unicef au Tchad. “Il n’existe pas de traitement contre la polio, la maladie peut être évitée uniquement par la vaccination. Aucun enfant ne devrait souffrir de cette maladie dévastatrice”, a-t-il ajouté.

La campagne de vaccination en cours, qui s’achève ce mardi, cible 4,2 millions d’enfants âgés de 0 à 59 mois dans l’objectif de son éradication totale au Tchad. Elle est encadrée dans un programme synchronisé dans 13 pays d’Afrique et fait partie des mesures urgentes pour mettre définitivement fin à la poliomyélite sur le continent. Tous les enfants de moins de cinq ans de ces pays (Bénin, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Libéria, Mali, Mauritanie, Niger, Nigéria, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sierra Leone et Tchad) seront simultanément vaccinés dans le cadre d’un effort coordonné pour renforcer l’immunité des enfants contre la poliomyélite à l’échelle continentale. Plus de 190 000 vaccinateurs doivent vacciner plus de 116 millions d’enfants pour faire disparaître le dernier bastion de la poliomyélite en Afrique.