REPORTAGE – Les bennes de l’opération “N’Djamena Nadif” ne passe quasiment plus dans certains quartiers de N’Djamena. Et pourtant la capitale tchadienne produit 9 milles tonnes d’ordures par jour. Comment font les habitants pour se débarrasser de ces déchets ?

« N’Djamena Nadif », crie une gamine. Elle continue par alerter le quartier en courant. La benne à ordure confirme son passage par un klaxon. Les uns accourent vers l’engin avec des sacs remplis de déchets. Les autres se dirigent à pas hâté vers la maison. Une file indienne se forme au passage de la benne.  Personne sur cette ruelle du quartier Kabalaye ne voudrait rater cette occasion unique de la semaine.

Cynthia* est l’une des premières personnes à sortir la poubelle. D’allure surprise, sa voix se fait entendre dans l’ambiance de la foule. « On dirait que Ndjamena Nadif s’est trompé du chemin aujourd’hui », dit la femme d’un ton ironique. Une phrase qui fait rigoler sa voisine. On se débarrasse des ordures comme on peut. Les retardateurs courent derrière la benne qui roule à pas de caméléon. 

Il y a plus de deux mois, la population de la commune du 3ème arrondissement abandonne ses déchets à l’hippodrome. Depuis un certain, le lieu est fermé et interdit d’accès à toute personne. Des ménagers de la circonscription sont obligés de payer des jeunes pour enlever leurs ordures. Aujourd’hui, le passage des véhicules de l’opération “N’Djamena Nadif” est une aubaine dans les arrondissements de N’Djamena.

40 tonnes d’ordure sont produits par jour dans la commune du 6e arrondissement. Le passage de la benne à ordure est rare. Chacun habitant se débrouille comme il peut. Il y a ceux qui incinèrent ces déchets à la maison ; d’autres font appel au service des sociétés privées.  

« Il y a quelques années, le service de N’Djamena Nadif passait régulièrement enlever nos ordures ménagères. Malheureusement, nous assistons à la disparation des camions », constate Sadié. Pour elle, en saison de pluie, c’est peut-être normal que ce service de la voirie communale ne passe pas pour l’inaccessibilité des routes. Mais pas en ce moment, s’exclame-t-elle. 

Dans la cour de la commune du 6eme, les engins sont garés au vu de tous. Les pneus démontés. Leur état indique qu’ils sont hors service. D’après le maire adjoint, Abakar Khamis, il est difficile pour la mairie de passer enlever les ordures en saison de pluie. Pour lui, sa commune a déjà repris avec les activités et que d’ici la fin du mois le rythme normal sera retrouvé. 

La ville de N’Djamena produit 9 milles tonnes d’ordures par jour. Elle ne possède pas un centre d’enfoncement technique. Autrement un dépotoir final fixe. Les ordures enlevées sont déposées hors de la ville.