Au cœur de la crise humanitaire qui sévit au Tchad, une délégation de la Commission nationale d’accueil, de réinsertion des réfugiés et des rapatriés (CNARR), dirigée par son secrétaire permanent, Idriss Mahamat Ali Abdallah Nassour, a entrepris une mission ce mardi 6 janvier dans le camp des réfugiés de Guilmey, dans la commune du 1er arrondissement de N’Djamena.

Ce mardi matin, alors que le soleil se levait timidement sur le camp des réfugiés de Guilmey, une fine couche de poussière recouvrait chaque parcelle de terre, illustrant des conditions difficiles dans lesquelles vivent les refugiés de ce camp. Nous avons rejoint la délégation du secrétariat permanent de la CNARR au début de leur mission, alors qu’ils se préparaient à affronter le froid piquant de cette aube désolée.

Avant même d’atteindre notre première destination, l’école officielle de Guilmey, la poussière s’infiltrait dans nos vêtements et nos poumons, rappelant la précarité de la vie dans ce lieu isolé. Malgré le froid mordant, les réfugiés vaquaient déjà à leurs tâches quotidiennes, certains enveloppés dans des couvertures usées pour se protéger du froid glacial qui engourdissait leurs membres. Lorsque nous avons franchi les portes de l’école, inaugurée il y a quelques mois à peine, nous avons été frappés par le contraste entre la chaleur humaine qui émanait des salles de classe et l’austérité du paysage extérieur. Les enfants, emmitouflés dans leurs vêtements usés, étaient assis attentivement, désireux d’apprendre malgré les défis auxquels ils sont confrontés au quotidien. Cette école comporte une crèche, le préscolaire, le primaire et le secondaire avec un effectif total de 2 231 élèves dont 1 521 du primaire, 466 du secondaire, dont Jesuites Refugee Service (JRS) est en charge sous le financement du Haut-commissariat des Nations-unies pour les réfugiés (HCR). Aucun problème n’est à signaler dans ce complexe scolaire dont on trouve trois (3) enseignants payés par l’État.

Le centre de santé, notre prochaine étape, offrait un abri bienvenu contre le froid mordant. Cependant, à l’intérieur, la poussière semblait s’être installée comme un voile sombre sur les équipements médicaux et les étagères dégarnies. Sous les hangars, les réfugiés attendaient patiemment, bravant les maladies et les douleurs, dans l’espoir d’obtenir un soulagement pour leurs maux. Ici, la pénurie de médicaments et le manque de personnel qualifié se font sentir, aggravant la détresse des réfugiés confrontés à des conditions sanitaires précaires. Ce que nous confirme Denemadji Madjingar, sage-femme appelant à une assistance d’urgence.

Enfin, alors que la journée touchait à sa fin, nous avons rencontré des familles dans leurs modestes abris, où le froid semblait s’être installé comme un invité indésirable. Malgré leurs conditions précaires, les réfugiés nous ont accueillis avec chaleur, partageant leurs histoires de résilience et de courage face à l’adversité en lançant surtout un appel pressant à l’endroit de la CNARR, du HCR et des autres organisations humanitaires intervenant dans le camp. Les réfugiés camerounais, par la voie de Abbo Abdoulaye Akramadine, ont exprimé quelques revendications pour des conditions de vie plus meilleures. “Nous demandons des logements sûrs et décents car nos maisons sont en état de délabrement avancé. Aussi, un accès à l’eau potable, à l’éducation et aux services de santé plus adéquats comme nous méritons d’être traités avec dignité et respect et nous appelons à une action pour améliorer nos conditions de vie”, a fait savoir Abbo Abdoulaye Akramadine.

Face à ces témoignages poignants, la délégation dirigée par le secrétaire permanent de la CNARR, Idriss Mahamat Ali Abdallah Nassour, a pris l’engagement solennel d’agir. Elle a appelé à une mobilisation de ressources et d’assistance humanitaire pour répondre aux besoins criants des réfugiés de Guilmey surtout pour leur autonomisation. Les autorités locales et les organisations humanitaires ont été exhortées à unir leurs efforts pour apporter un soulagement immédiat à cette population vulnérable.

Alors que nous quittons le camp des réfugiés de Guilmey, laissant derrière nous la poussière et le froid de cette aube hivernale, nous emportons avec nous le souvenir des visages braves et déterminés des réfugiés. Il faut rappeler que le camp des réfugiés de Guilmey a été créé il y a plus de deux (2) ans à la suite des conflits meurtriers dans la ville de Kousseri à l’extrême nord du Cameroun et comporte plus de deux milles (2 000) âmes.