Né le 29 mars 1934 à Abéché à l’est du Tchad, le général de Brigade Mamari Djimé Ngakinar est décédé le 9 septembre 2019 à Ermont en France. Découvrez le parcours de cet homme élevé au rang de Commandeur de l’Ordre national du Tchad à titre posthume.

Militaire de formation, vice-président du Conseil, ministre de la Défense, feu général Mamari Djimé Ngakinar est l’une des grandes figures de l’histoire militaire du Tchad. Né le 29 mars 1934 à Abéché, c’est à Fort-Archambault, actuel Sarh  qu’il fait ses études primaires. Alors qu’il n’avait que 14 ans, il entre à l’Ecole militaire préparatoire Général Leclerc de Brazzaville en 1948. Quatre ans après son admission au sein de ladite école, il en sort avec le grade de Sergent et prend part aussitôt aux campagnes françaises de Tunisie puis d’Algérie. A 26ans, feu général Mamari entre à l’Ecole des Officiers de Fréjus en France et en sort avec le grade de Sous-lieutenant de l’armée française. En 1961, il est reversé dans l’armée tchadienne.

Parcours militaire riche

De 1961 à 1971, il parachèvera sa formation successivement à l’Ecole d’application de Saint-Maixent, l’Ecole des Officiers de Gendarmerie de Melun puis l’Ecole d’Etat-major de Montpellier. En 1970, il entre à l’Ecole d’Etat-major avec le grade de Commandant. En 1972, il devient le premier Commandant de la Gendarmerie nationale avec le grade de Lieutenant-colonel. En 1975, il est promu au grade de Colonel. Le 3 avril 1975, il fut arrêté. Cette arrestation a précipité la marche des troupes sur N’Djamena qui a abouti au coup d’Etat du 13 avril 1975. Après le coup de force de l’armée, feu Mamari fut désigné par les jeunes officiers comme vice-président du Conseil supérieur militaire (CSM) présidé par le général Félix Malloum. Cumulativement à ses fonctions de vice-président du CSM, il assurait la fonction du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité de 1975-1976.

Un homme soucieux de la préservation de la paix

Général Gouara Lassou Sebané

Homme de consensus et de paix, il dirige une délégation aux négociations de Khartoum ayant débouché sur un accord avec le conseil de commandement des forces armées du Nord (CCFAN) le 17 décembre 1977. En 1978, il dirige une autre délégation gouvernementale aux négociations de Sehba-Benghazi avec le Frolinat à l’issue desquelles un cessez-le feu a été signé.

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Après la promulgation de la Charte fondamentale, conclusion de la nouvelle entente politique, il entre dans le gouvernement d’union nationale dirigé par Félix Malloum et Hissein Habré comme ministre de la Défense nationale. Il s’exila en France quand Hissein Habré s’est emparé du pouvoir et ne regagna le bercail qu’en 1986 à la suite de l’Accord de Libreville.

Homme de dialogue, feu Mamari s’est investi dans la recherche inlassable de la paix et de la réconciliation nationale des fils du Tchad. Cette orientation pacifiste de sa vie a donné les fruits qu’il escomptait notamment la réconciliation entre le CCFAN et le CSM. Le dévouement de feu Mamari aux questions de paix et de sécurité lui a valu plusieurs distinctions internationales aux rangs desquels la Légion d’honneur remise par le président français Georges Pompidou, en 1976.

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En 1993, il est nommé Général de Brigade par le président Idriss Déby Itno, en reconnaissance de sa carrière militaire et politique. « Homme intègre et courtois, droit et dévoué, Mamari a croisé sur son chemin beaucoup d’amis et de sympathies », témoigne son frère d’arme, le général Gouara Lassou Sebané dans l’oraison funèbre qu’il a prononcée. Feu Mamari Djimé Ngakinar laisse derrière une veuve et neuf orphelins.