“Qui a dit qu’il y a famine au Tchad? Dehors!” Telle peut être la réaction outrée d’Idriss Déby Itno qui a débouché.. sur le double limogeage du ministre de l’Agriculture, Dangde Laobèlè et de la secrétaire d’Etat, Ruth Tédébé. La gestion de la sécurité alimentaire du pays serait donc le crime de lèse- majesté commis par ces deux hauts responsables. Mais certains croient fermement qu’ils ne sont que des fusibles qui ont payé pour une malheureuse initiative du chef du gouvernement, Joseph Djimrangar Dadnadji. En effet, sans avoir au préalable vendu son idée à son patron, ni consulter les techniciens du ministère de l’Agriculture, le Premier ministre a cru bien faire de reformer le Programme national de la sécurité alimentaire (Pnsa) en une Agence de la sécurité alimentaire. Une réforme qui dépouille au passage le ministère de l’Agriculture de ses attributions de production agricole. Cette initiative a déplu en haut-lieu. Le président de la République a ordonné que le Pnsa soit rattaché une nouvelle fois aux services de la présidence de la République. Déby a profité de l’occasion pour critiquer les responsables du département de l’Agriculture de faire le jeu des Organisations non gouvernementales “en montant sur tous les toits pour clamer qu’il y a famine au Tchad” , alors que la production de la dernière campagne agricole était à ses yeux très bonne. Cette critique s’adressait beaucoup plus à la fiche de la désormais ex-secrétaire d’Etat à l’Agriculture demandant au gouvernement de prédisposer de stocks de céréales dans certaines régions où les inondations de l’année dernière n’ont pas permis une bonne production agricole. L’une dans l’autre, c’est la gestion de la sécurité alimentaire du pays qui expliquerait plus ce double limogeage. Mais Dangde Laobèlè et Ruth Tédébé doivent se faire deux raisons pour se consoler. La première, c’est que quand deux éléphants se battent, c’est souvent l’herbe qui en pâtit. La seconde, c’est que l’expérience a montré que l’on ne cache pas éternellement une famine qui frappe un peuple. Le cas de Mamadou Tandja du Niger est édifiant.

La Rédaction

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