Malgré son vieil âge, l’Université de N’Djaména peine à satisfaire les étudiants au niveau de la qualité de ses enseignements qu’à celui des conditions d’études.

Une université sans bibliothèque, ressemblant à un grand lycée : tel est le cas de l’université de N‘Djaména. Du site de Farcha à Toukra en passant par celui d’Ardep-djoumal le constat est le même.

La seule bibliothèque qui fonctionne dans cette université est logée dans un local avec des dimensions dérisoires, sans aucune condition favorable.  Plus grave, elle manque cruellement des documents et ceux qui y existent sont surannés. 

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La grande bibliothèque universitaire de N’Djaména contient environ 35 000 ouvrages dont la plupart est éditée depuis 15 à 20 ans. Il est strictement difficile de trouver les journaux et revues dans ladite bibliothèque, faute de partenaires.

Les cas des sites de Farcha et Toukra sont encore pires. Le premier a une bibliothèque qui ressemble à un grand bureau, car elle est trop restreinte et le second n’en a même pas une. C’est l’un des bâtiments prévus pour le logement des étudiants qui a été transformé en 2016 par les responsables de l’Université en une bibliothèque mais, l’on compte aucune place assises.

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Pour les étudiants de cette université, les conditions dans lesquelles ils étudient sont loin de celles d’une université qui se respecte. « Avec ces conditions d’études, mieux vaut être au lycée que de venir à l’Université », s’offusque Ella, étudiante en deuxième année de communication.

En plus du manque notoire des ouvrages dont elle fait montre, la bibliothèque universitaire de N’Djaména compte 430 places assises pour une population estimée à 17 000 étudiants et 600 enseignants, soit en moyenne une place pour 15 personnes.

les documents qui attendent la reluire, Bibliothèque Universitaire de N’DJaména, par Junior Bekoutou

Malgré les dons, le grand problème persiste

En 2018, l’Université a reçu un don de plus de 2 000 ouvrages de la part de la Belgique mais, il est difficile pour les autorités tchadiennes en charge de l’enseignement supérieur d’aider à faire la reliure de ce nombre de documents.

Jusqu’à présent les documents ne servent qu’à orner la bibliothèque puisqu’ils ne peuvent pas être consultés par les intéressés. Ce qui amène certains gestionnaires, bénéficiaires de ladite bibliothèque, à parler de la mauvaise foi des dirigeants.

Une bibliothèque universitaire qui ne connait pas le numérique

Alors que le besoin du numérique se fait sentir partout, la bibliothèque de l’Université de N’Djaména demeure toujours dans son état traditionnel depuis sa création. Les ordinateurs sont quasi inexistants et l’accès à l’internet pour les recherches reste une utopie.

« Comment peut-on comprendre qu’une grande université comme celle de N’Djaména ne dispose pas d’internet ? », s’étonne Barka, étudiant en troisième année de sciences informatiques.

« C’est l’assemblage de tous ces problèmes qui décrédibilise la formation universitaire dans ce pays », laisse entendre Yana Yves, ancien étudiant à la faculté des sciences de l’éducation de cette université.

Le changement n’est pas pour demain

 « C’est la bibliothèque qui fait la grandeur d’une Université. Malheureusement le cas de l’Université de N’Djaména est déplorable », s’inquiète un responsable de la bibliothèque universitaire de N’Djaména.

Beaucoup reste encore à faire en termes de structures d’accueil et de documentation, mais la volonté politique ne s’intéresse pas véritablement à ce problème. Finalement, les étudiants n’ont qu’une seule phrase pour se consoler : « on fait avec ».