N’DJAMENA – Le ministère tchadien de la Justice a lancé jeudi quatre mandats d’arrêt internationaux contre des personnalités de l’ancien régime d’Hissène Habré, a appris l’AFP de source judiciaire sous couvert d’anonymat.

Le mandat d’arrêt concerne Mahamat Nouri, l’ancien leader de l’UFDD (Union des forces pour la démocratie et le développement, rébellion, ndlr), Bichara Idriss Haggar, ancien membre du bureau politique, Bandjim Bandoum, ancien gendarme, et Abakar Torbo, a indiqué à l’AFP une source du ministère de la Justice.

De même source, une dizaine d’anciens agents de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) visés par des plaintes des victimes ont été convoqués ce jeudi et mis sous mandat de dépôt a la maison d’arrêt de N’Djamena.

Idriss Déby déraisonne, il délire !, a réagi dans la soirée Mahamat Nouri, joint par l’AFP en France où il réside.

J’ai exercé des responsablités sous le régime d’Habré oui, mais aux relations internationales, puis comme directeur général de la compagnie aérienne Air Tchad. Où est-ce que j’ai commis des crimes ? La seule chose que Déby peut me reprocher, c’est l’attaque de N’Djamena, s’est agacé l’ancien chef rebelle, dont le mouvement avait atteint les portes de la capitale tchadienne en 2008.

Mercredi, Mahamat Djibrine, ancien tortionnaire et responsable de la DDS, accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a déjà été arrêté au Tchad.

Aussi connu sous le sobriquet El Djonto, M. Djobrine est accusé de torture et de centaines d’assassinats politiques commis entre 1982 et 1990, sous le régime d’Hissène Habré, qui est réfugié au Sénégal depuis son renversement par l’actuel président Idriss Deby.

Le procureur général tchadien Massingaral Kagah a laissé entendre mercredi qu’El Djonto pourrait être extradé vers le Sénégal qui doit juger les responsables des crimes commis sous la dictature Habré, en vertu d’un mandat de l’Union africaine (UA).

Dakar et N’Djamena ont signé le 3 mai un accord devant permettre aux juges du tribunal spécial créé pour juger Hissène Habré, accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et réfugié au Sénégal depuis 1990, de mener des enquêtes au Tchad.

Une commission d’enquête sur les crimes et détournements commis pendant les années Habré, créée après sa chute, a estimé à plus de 40.000, dont 4.000 identifiées, le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours des huit années de sa présidence.

(©AFP / 16 mai 2013 23h10)