Depuis près de deux mois, hommes, femmes et enfants vendent de l’essence à bas prix, dans les rues de N’Djamena. Ce carburant à bon prix provient des pays frontaliers au détriment de la raffinerie de Djarmaya et des stations-service.

En journée comme en soirée, ils abondent les bordures de routes, les entrées des hôpitaux, les marchés, les devantures des bars et même les ménages. D’aucuns sont alignés derrière la grande mosquée roi Fayçal de N’Djaména, sur l’axe du marché central menant au marché à mil. D’autres se placent sur la grande voie quittant le rond-point travaux en allant vers Farcha. D’autres encore se tiennent devant l’hôpital de la mère et de l’enfant, sans compter ceux-là qui se placent devant les bars dans les quartiers de la ville. Tenant en main des litres d’essences, chacun d’entre eux se démène pour avoir des clients. Des clients qui d’ailleurs, ne se font pas prier.

Ce sont, en général, des motos taximan communément appelés clandoman, des conducteurs des taxis et propriétaires d’engins à deux roues. Pour ce faire, ces vendeurs d’essence bon marché emportent avec eux les matériels nécessaires notamment un entonnoir et un tuyau leur permettant de tirer le liquide du bidon à l’engin. « Ces carburants proviennent du Nigeria et nous nous approvisionnons au niveau de la frontière du Tchad avec le Cameroun, à Kousséri ou encore au quartier travaux à Farcha » confie une vendeuse d’essence placée en face du marché à mil.

Cependant, à la question de savoir pourquoi les gens préfèrent-ils désormais acheter de l’essence avec ces vendeurs ambulants que dans les stations d’essence ? Mahmoud, un moto-taximan de la place fait savoir que cela est surtout dû au prix.  « Un litre d’essence vendu dans une station coûte 600fr, un litre et demi revient donc à 900fr, c’est cher. Tandis que les vendeurs ambulants eux, vendent un litre et demi d’essence à 750F pour 500F le litre, c’est tout bénéfique pour nous les clandomans et taximans » confie-t-il.

Néanmoins, certains vendeurs d’essence bon marché, témoignent que les tenanciers des stations-service d’essence se sentiraient menacés par eux. Ainsi, ils seraient de mèche avec les policiers voulant ainsi stopper cette vente illicite d’essence dans la ville. « La semaine dernière, les policiers nous ont chassés pendant que nous étions en train de vendre. Ils ont même réussi à arracher des bidons d’essence avec certaines vendeuses » confirme Adoumbeye, vendeuse d’essence. Toutefois, cela ne les empêche pas d’aller de ménage en ménage pour vendre leur essence.

Pour rappel, le gouvernement a augmenté le prix de carburants à la pompe sur toute l’étendue du territoire le 5 janvier 2018 en plein bras de fer social. En effet, le gouvernement tchadien dans la loi des finances 2018 a augmenté le prix du carburant. L’essence a augmenté de 50FCFA et le gasoil de 22FCFA. La nouvelle n’a pas fait l’unanimité, entrainant dans la foulée une grève.