DIPLOMATIE – Pendant que les Tchadiens, pour la plupart des pays du Maghreb, sont rapatriés, une grande partie bloquée en Afrique de l’ouest vit à ses dépens. Et ce, depuis près de trois mois. Une situation qui plonge plus d’un dans le désespoir et l’irritation.
Une question se pose : pourquoi le gouvernement ne rapatrie pas encore ses ressortissants bloqués en Afrique de l’ouest ? Abidjan, Dakar, Lomé, Bamako, Accra, Cotonou, telles sont entre autres les capitales ouest-africaines qui abritent les ressortissants tchadiens. Depuis la fermeture des frontières terrestres et aériennes, suite à la covid-19, ces derniers ont vu leur destin cloué sur le sol ouest-africain. Ils ne peuvent plus voyager.
Dans un arrêté, le gouvernement du Tchad a décidé, à travers son ministère des Affaires étrangères, de rapatrier les Tchadiens en court séjour et ayant un billet d’avion valide. Une nouvelle qui a été accueilli en Afrique de l’ouest par un grand nombre de Tchadiens, comme un « ouf » de soulagement.
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Mais plus de deux mois après l’annonce et l’enregistrement des voyageurs, rien n’est fait. « Depuis qu’on nous a enregistrés, on n’a plus de nouvelles », nous confie Jeanne*, mère d’un bébé d’à peine cinq mois, bloquée dans la capitale togolaise, Lomé. « Initialement, je suis arrivée ici pour faire que deux semaines et repartir. Parce que j’ai un enfant au pays encore très jeune et cela m’empêche de durer. Mais comme vous le constatez, Dieu a décidé autrement », précise la dame avec nonchalance.
Une nouvelle de rapatriement bien accueillie mais mal vécue
Pour Jeanne*, le rapatriement est la seule solution pour elle de regagner vite son foyer. Hélas, jusqu’aujourd’hui, il tarde à se concrétiser en Afrique de l’ouest. Comme elle, plus d’une centaine de Tchadiens sont bloqués et vivent la même situation, de fois pire que la sienne. Certains, n’ayant pas de moyens pour se loger et se nourrir, ont décidé de prendre des voies illégales pour regagner leur terre natale. Ils sont de ce fait exposés au virus durant leur trajet.
Pour certains encore sur place, il n’est pas concevable qu’une grande sous-région comme la Cédeao accueillant un nombre important de voyageurs tchadiens ne soit pas privilégiée. « Je ne sais pas sur quoi le ministère des Affaires étrangères s’est basé pour prioriser les pays du Maghreb mais tout ce que je peux dire, ce que c’est mal vu et interprété », explique Hassan, un operateur économique bloqué au Benin. Selon lui, tout les Tchadiens ont la même valeur.
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Pendant ce temps, les représentations diplomatiques se réservent de tout commentaire, laissant libre interprétation et spéculation. Le sujet reste de plus en plus sur les lèvres, Djeeum Djekaouyo Bernadin, président de l’Union des étudiants tchadiens du Togo (Uett), appelle « à plus de communication pour éclairer les concernés ». Sans cela, au Togo où le Tchad n’a pas une représentation diplomatique, « la lourde tâche reste à l’Uett dépourvue d’informations ».