Les populations les jugent comme étant trop violents, corrompus, racketteurs et rois du chantage. Toujours est-il que les policiers tchadiens entretiennent des rapports parfois tumultueux avec la population qu’ils sont sensés protéger et sécuriser. Qui peut croire à pareille chose ? Et pourtant ! Abba Garde a traîné son micro dans les rues de la capitale pour aborder la délicate question des relations entre policiers et  populations.

Sylla, étudiant « Nous avons des policiers qui n’existent que de nom »

Au  Tchad nous avons des policiers qui malheureusement n’existent que de nom. Nous ne savons pas ce qui se passe véritablement. Quand vous avez  recours à eux pour intervenir dans un cas précis, c’est rarement qu’ils interviennent et même quand ils le font c’est avec un retard considérable. Ils ont certes leur raison mais, ils devront pouvoir  mettre un accent sur leur mission régalienne qui est la protection des personnes et des biens. Ceux qui se mettent dans les différents ronds points de la ville, sont là pour autre chose, le racket. Parfois vous êtes en règle mais on vous demande de payer quelque chose avant de vous laisser partir. Pourtant il y a des gens qui visiblement roulent sans pièces justificatives mais ils ne sont pas inquiétés. Je me demande si nous avons vraiment des policiers. Il suffit de voir comment ils travaillent pour voir que beaucoup parmi eux ne sont là que pour l’argent. Rare ceux qui sont formés. Le gros du lot a été recruté sur le tas et sans formation. Malheureusement, ce sont eux qui entretiennent le faux.

Guelmbaye Innocent, Chauffeur « La police est un danger pour  la  population »

L’attitude des policiers tchadiens fait dire aux popula- tions qu’ils n’accomplissent pas bien leur mission. Prenons l’exemple de la régulation de la circulation et le contrôle sur nos voies. Chaque jour, à N’djaména nous constatons qu’il ya beaucoup d’accident de circulation. Ces accidents, en grande partie, sont le fait de la police qui ne dit pas le droit réellement lors de ces accidents mais, qui plutôt, privilégient les intérêts pécuniaires que leur propose le plus nantis des victimes de ces différents en- nuis routiers. Pour eux, c’est celui qui donne plus qui a toujours raison, même s’il a tort. C’est pourquoi, on constate que sur nos voies, personnes ne respecte le code de la route, on roule n’importe comment. Quant à la relation police-population, je pense qu’elle n’existe pas car, la police est un grand danger pour la population. Ceux qui sont sensés protéger et sécuriser les citoyens, sont ceux là-mêmes qui les dépouillent, les rackettent et les traumatisent. Ce n’est pas normal. Il n’y a pas de sécurité au Tchad. De nos jours vous constaterez que les vols, braquages, et autres méfaits sont devenus récurrents dans nos quartiers. Cela n’émeut pas la police. Pire, c’est en leur présence que souvent les voleurs et bandits dépouillent les honnêtes citoyens. Il sera mieux que l’Etat prenne les choses en main pour que notre police fasse normalement son travail.

Mekon Nekar, enseignant « Avec  la police, nous sommes lésés dans nos droits les plus élémentaires»

D’une manière générale, le policier a pour mission de sécuriser et de protéger les personnes et les biens. Au Tchad, c’est tout le contraire. Il existe dans nos quartiers, un rapport de force qui a fini par s’imposer entre la police et la population. Nos policiers sont trop arrogants et violents. Ils mettent constamment l’argent avant tout autre chose. Remarquez que si un citoyen est en danger, qu’il sollicite leur aide, la police exige de l’argent avant d’intervenir. Or, l’Etat met à leur disposition des moyens d’intervention et de déplacement. On doit payer pour le carburant, pour tout…, on ne comprend plus rien. Avec toutes ces gaffes, quand vous venez prendre une plainte contre x, les policiers voient en vous une vache à lait. Ils feront tout pour vous soutirer de l’argent. Nous sommes laissés pour contre et lésés dans nos droits les plus élémentaires. Je souhaite pour cela que nos autorités policières prennent leur responsabilité pour mettre fin à de tels agissements. Les policiers af- fectés dans nos différents commissariats ne font pas leur travail. Ils harcèlent fréquemment la population. C’est pourquoi, je lance un appel au ministre de la Sécurité afin qu’il se penche sérieusement sur notre police et sur la sécurité des populations.

Doumansem Félicité, opératrice économique « Avec la police tchadienne, c’est l’insécurité et non la sécurité »

Je trouve que qu’il n’existe pas une frange collaboration entre la police et la population. Personnelle- ment quand je vois les policiers, je me sens en insécurité. A cause de leur comportement, ils ne rassurent pas. Nous sommes constamment en insécurité face aux policiers. Ils nous harcèlent, nous font chanter, nous rackettent, nous violentent… Ce n’est pas normal que des gens qui sont sensés nous protéger se comportent ainsi. On n’est même plus libre de circuler dans notre propre pays à cause d’eux. Avec la police tchadienne, c’est l’insécurité et non la sécurité. Je prends pour exemple leur attitude devant les colombiens du rond point Dembé. Ils cohabitent normalement avec les voleurs et bandits qui dé- pouillent les populations dans ces lieux et sous leurs yeux. C’est dommage ! Qu’ils améliorent leur service pour améliorer leur image ternie au sein des populations.

Tepella Watching, infirmière « Qu’ils accomplissent valablement et normalement leur tâche »

Je pense que la relation police-population est bonne d’une part et de l’autre moins bonne. Mais, le second cas est plus grave. Quand un citoyen est en difficulté, la police refuse d’intervenir promptement sous des prétextes fallacieux. Sous leurs yeux ou bien auprès d’eux, quand on vous agresse, ne compter pas sur eux pour vous aider. Ils trouvent toujours des alibis pour se dérober devant leur mission. C’est vraiment dommage ! Qu’ils accomplissent valablement et normalement leur tâche pour le bien-être des populations. Cependant, je crois que sur les voies, ils assurent réellement leur travail en contrôlant les pièces afférentes des véhicules et motos. Qu’ils améliorent leur comportement en s’occupant à protéger et sécuriser les personnes et les biens des populations.

Byakba Christophe, étudiant « Ils veulent s’enrichir sur le dos des populations »

Le rôle et la mission de la police c’est de secourir la population, assurer leur sécurité et celle de leurs biens. Force est de constater qu’à N’Djaména, les policiers ne font pas leur travail dans le respect des règles. Voici, des gens qui chaque fois qu’un citoyen est en danger et qu’il réclame leur assistance, on lui exige de payer 6000 francs avant toute intervention. Cette somme répond à quoi ? On ne sait pas. Et quand tu payes ces 6000 francs, ce n’est pas évident qu’ils interviennent automatiquement. Ils arrivent toujours en retard quand vos agresseurs ont fini d’opérer. C’est pourquoi la population pense qu’ils sont en complicité avec les malfrats. Sinon comment comprendre qu’avec tous les moyens que l’Etat met à leur disposition, les policiers n’arrivent pas à accomplir normalement leur mission. Pis, nous remarquons que ces policiers ne visent que leurs intérêts. Ils veulent s’enrichir uniquement sur le dos des populations. Chose indécente. Je souhaite que les policiers soient véritablement et convenablement formés sur leur rôle et leur mission. On ne peut pas parler de démocratie quand la liberté de circulation et la sécurité n’existent pas. Cependant, je milite pour que l’Etat renforce en moyens roulants de notre police pour répondre aux préoccupations de nos populations.

Acyl Fassou Toukna, défenseur des droits humains « Il faut  faire un nettoyage au sein de la police pour extirper les brebis galeuses »

En général, les policiers tchadiens ne font pas bien leur travail comme il se doit. On remarque qu’ils sont plutôt préoccupés par l’argent. Au Tchad, on vient à la police pour piller la population et s’enrichir. Le racket sur nos routes est grave. Les soi-disant gardiens de la population, traquent et dépouillent ces derniers sans inquiétude. Je pense qu’il est temps de faire un nettoyage au sein de la police nationale afin d’en extirper les brebis galeuses qui ternissent l’image de cette corporation. Que l’Etat recrute des jeunes ayant les compétences et les qualités requises pour assurer cette mission noble. Et qu’il arrête de prendre des gens par affinités et com- plaisance à la police. Vous voyez, il est aberrant de voir des policiers qui ne savent pas parler Français et qui sont commis au contrôle routier.

Impressions recueillies par Alain Serge et Théophile Ndilnodji

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